Ludwig van Beethoven est né à Bonn le 17 décembre 1770. Sa famille est originaire de Hollande où les ancêtres de Ludwig ont cultivé la terre et tenu de petits commerces. Il était le fils d'un ténor de la chapelle de l'Électeur de Cologne. Celui-ci était semble-t-il un homme violent et buveur mais néanmoins remarqua ses dons et lui imposa des leçons de violon et de piano. Fils ainé de la famille, il adeux frères : Kaspar et Nicolas. Malgré la rigueur de son père, Ludwig se montre très appliqué. L'enseignement de l'organiste Christoph Gootlob Neefe l'initie à l'oeuvre de Bach dès l'âge de sept ans. Il fait preuve très tôt de talents exceptionnels sans avoir le génie de la musique comme Mozart. Ses premières cours de musique lui sont prodigués par un certain Pfeifer qui habitait dans la même maison. Aucun de ses professeurs ne l'influencera à l'exception de Neefe qui considérait Ludwig comme un jeune génie. Au collège, il est mauvais élève et son éducation est négligée. Neefe lui obtient un poste dans l'orchestre de la Cour. Le nouvel Electeur Maximilien François lui accorde une bourse de 170 florins. Il compose alors ses premiers concertos et quatuors à cordes.
Son premier voyage à Vienne à lieu en 1787. Le but est d'y rencontrer Mozart mais celui-ci vient de perdre son père et la rencontre se produit à un mauvais moment. Ce dernier, malgré un accueil très réservé, aurait dit : "Remarquable ! ce jeune homme fera parler de lui." Mozart aurait été impressionné par sa capacité d'improvisateur. D'ailleurs, Beethoven remporte de nombreux concours à Vienne notamment en surclassant Gelinek un pianiste très renommé de l'époque. De mauvaises nouvelles arrivent de Bonn. Sa mère est très malade et il est obligé de rentrer à Bonn. Elle meurt de la tuberculose en juillet 1787. Lorsque son père, veuf, perd son emploi, Ludwig, âgé de 19 ans, a la charge de ses frères et doit faire appel au protecteur de son père (l' Electeur de Cologne) pour subvenir aux besoins de sa famille. Il donne des leçons de musique et assiste son professeur Neefe comme organiste et altiste dans l'orchestre de l'Opéra de Bonn. En décembre 1792, c'est son père qui décède à son tour et la même année Joseph Haydn rencontre Beethoven à Bonn et semble impressionné par les oeuvres et le talent du jeune homme et l'invite à venir prendre des leçons à Vienne. Beethoven quitte Bonn et s'installe définitivement à Vienne en 1793. malheureusement Mozart est mort depuis plus d'un an.
A cette époque, il compose sans relâche et donne des concerts à Vienne mais aussi à Berlin et Prague car ses soucis d'argent sont quasi permanents. Beethoven éprouve beaucoup d'admiration pour Haydn. Cependant leurs relations furent souvent décevantes. A l'enseignement de Haydn, il préfére bientôt celui d'Albrechtsberger pour le contrepoint et de Salieri pour l'art vocal. Il prolongera ses leçons avec Salieri jusqu'en 1802. La bourgeoisie et la noblesse viennoise se pressent pour l'écouter. Il est vrai qu'il doit son succès beaucoup plus à son talent de virtuose du piano qu'à celui de compositeur. On l'apprécie notamment pour son talent d'improvisateur. Il effectue de triomphales tournées en Europe centrale. De cette époque datent les trois Trios pour piano opus 1 (1794), les trois Sonates pour piano opus 2 (1795) et diverses pièces pour le clavier, le Quintette à cordes opus 4 (1796). Durant les années suivantes, il continue à beaucoup composer : les sonates pour piano (dont la sonate "Pathétique" opus 13, 1799, et la sonate "Clair de lune" opus 27 n° 2, 1801) qui sont parmi ses plus connues à l'heure actuelle, les six Quatuors à cordes opus 18 (1800), puis la Sonate pour violon et piano opus 47 ("à Kreutzer", 1802).
En 1801, Beethoven connait un grand drame pour un musicien : il est atteint par les premiers symptômes de la surdité. Il se plaint de bourdonnements et de sifflements constants. Au faîte de sa carrière de virtuose, il envisagea le suicide de manière déchirante dans une lettre adressée à ses frères et connue sous le nom de Testament de Heiligenstadt (1802), petite localité des environs de Vienne. Beethoven se lance dans la composition "à corps perdu" et commence sa Deuxième Symphonie. Il se réfugie dans la musique pour oublier sa surdité. Son humeur s'en ressent avec ses amis mais aussi dans ses actions en général. Un moment, il est un ardent révolutionnaire, admirateur de Bonaparte et de la révolution française au point de dédier sa Troisième Symphonie dite "héroïque" opus 55 (1804). Cette symphonie est une "révolution" dans le genre et fera l'objet de maintes critiques. Il biffera la dédicace à Bonaparte lorsqu'il apprendra que celui-ci s'est fait couronner Empereur des Français. Plus tard, il est devenu patriote allemand et compose la Bataille de Victoria (1813), une pièce assez médiocre. De 1804 à 1810, sa musique ne cesse de s'élever vers les sommets. De cette période durant laquelle il fut toujours soutenu par l'archiduc Rodolphe, ainsi que par le prince Lobkowitz, datent ses oeuvres les plus célèbres : le Concerto pour piano, violon et violoncelle opus 56 (1804) ; les Concertos pour piano n° 4 opus 58 (1806) et n° 5 opus 73 "l'Empereur" (1810) ; la Sonate "Appassionata" opus 57 (1804) ; la Sonate, opus 81 "les Adieux", (1809), les Cinquième et Sixième symphonies (1808). En 1807, Jérôme Bonaparte devenu roi de Westphalie lui propose un poste bien rémunéré à Kassel. Beethoven est tenté mais ses amis le retiennent et lui propose une rente annuelle de 4000 florins pour le retenir à Vienne. Il reste mais ne touchera guère qu'un tiers de cette rente.
Beethoven, à l'inverse de Mozart, connaitra plus de difficulté dans le genre lyrique et son unique opéra Fidelio opus 72 (1805-1814) connaitra une longue et difficile gestation. Après une visite très décevante à Goethe, au cours de l'été 1812, Beethoven rédige la lettre à "l' Immortelle bien-aimée" qui sera retrouvée après sa mort dans un tiroir de son secrétaire. Le public viennois lui préfére à l'époque Rossini. Parvenu à maturité, Beethoven est petit, assez solidement bâti. Sa chevelure est toujours en broussaille. A Vienne, il passe pour un excentrique. En 1815, son frère décède et Beethoven est nommé tuteur de son fils Karl, âgé de neuf ans. A partir de 1819, il ne communique plus que par lettres et se repli sur lui-même. Les cinq dernières des 32 sonates pour piano, les six derniers des 17 quatuors à cordes, la Symphonie n° 9 opus 125 (1824), la Missa solemnis (1823) sont des chefs d'oeuvre totalement novateurs. La Neuvième Symphonie avec "choeurs" est donnée alors que le Maître est devenu totalement sourd. A la première représentation, qui sera un triomphe, Beethoven n'entend pas le tonnerre d'applaudissements et c'est l'un des choristes qui le prendra par un bras pour l'aider à se tourner vers le public qui l'ovationne.
A la fin de sa vie, Ludwig tente de renouer avec son frère Johann avec qui il s'était brouillé en 1812. Il ira le visiter à Gneixendorf mais y sera victime d'un refroidissement qui l'oblige à garder le lit. Son état va empirer. Début 1827, une pneumonie et une cirrhose du foie s'ajoutent à la surdité, et malgré ce délabrement physique, malgré son incapacité à communiquer et son caractère impossible, il est redevenu l'une des figures les plus révérées à Vienne. Début mars 1827, son état empire brutalement. Sa mort à Vienne, le 26 mars 1827, donne lieu à un deuil national le 29 du même mois. Schubert et Czerny font partie des porteurs de cierges parmi les vingt mille personnes qui l'accompagnent dans sa dernière demeure. C'est en 1888 que ses restes seront transportés au cimetière central de Vienne où il repose à côté de Schubert.
Beethoven a bouleversé les traditions classiques. Il refusa les contraintes qu'ont pu subir Haydn ou Mozart considérant qu'un artiste doit être libre et hors des contraintes d'un employeur. Il a influencé les grands compositeurs des générations suivantes. Il a porté à son apogée la sonate et l'émancipe du schéma en quatre mouvements autonomes. Il élargit l'orchestre de Haydn et Mozart et y utilise jusqu'aux limites de leurs possibilités les instruments. Dans de nombreux domaines, il a mené la musique vers la tradition romantique et même vers la modernité la plus inouïe (la Grande Fugue opus 130).