Fabrice di Falco est un
sopraniste c'est à dire un chanteur qui grâce à ses
cordes vocales longues et fines, utilise le registre de
la soprano et mezzo soprano; de part cette particularité
vocale, il interprète les oeuvres du 17 et 18 ème
siècles écrites pour castrats (rôle d'opéra baroque,
cantates, musique religieuse ... etc). C'est avec l'aide
de sa grand mère et de sa mère, ainsi que sur les
conseils de Francis Bardot (Directeur du choeur d'enfants
de l'Opéra de Paris) que Fabrice, aprés son
baccalauréat A3 Lettres et Arts, entre en 1994 au
conservatoire National de Région de Boulogne
Billancourt. Dans la classe de chant de la colorature
Liliane Mazeron, il obtient en 1999 le premier prix et
réussit la même année le concours du Rotary-club de
Boulogne Billancourt. Depuis, Fabrice di Falco a donné de
nombreux récitals : Fabrice di Falco interprète et joue des
rôles d'opéra; certains sont dirigés par Yves Lestang
- Patrick Bismuth ... Il faisait partie des solistes de la
troupe de la Soprano colorature Eve Brenner avec qui il
se produit : au palais Garnier - Théâtre de la Reine à
Versailles - Sénat - Grands Hôtels Parisiens Entrée au Conservatoire en octobre 1994
TVRegard "Pour moi : chanter est prier" Le 15 mai, au soir, la grande salle de l'Atrium vibrera au son de la voix extraordinaire de Fabrice di Falco. En effet, ce jeune sopraniste martiniquais possède une voix exceptionnelle, un véritable "don du ciel" d'une extrême rareté puisqu'il n'existe que trois sopranistes actuellement en activité dans le monde. Parti de Martinique en 94, pour suivre des études de chant au Conservatoire de Boulogne, Fabrice a, à 24 ans à peine, un parcours exemplaire jalonné de multiples concerts, récitals, opéras et enregistrements. Après chacun de ses passages sur scène, les spectateurs s 'extasient sur cette voix si pure qu'on ne peut s'empêcher d'y voir une oeuvre de Dieu. Fabrice revient donc au pays après cinq ans de travail, pour partager avec le public martiniquais ce don exceptionnel. Rencontre... TVREGARD : Vous êtes un sopraniste. Pouvez-vous nous expliquer, en termes simples, ce que cela signifie? FdF : La voix de sopraniste est une voix de tête très aiguë. Certains hommes, après leur puberté peuvent garder leur voix chantée d'enfant alors qu'ils ont mué. Cette voix d'enfant se transforme avec le temps et le travail vocal en une voix large, puissante, timbrée, couvrant deux octaves et demi. Au I8ème siècle en Italie, l'Eglise a permis la castration des jeunes garçons chanteurs issus de familles pauvres pour remplacer les femmes interdites dans les théâtres et dans les offices religieux (N.D.R. ce fut le cas du célèbre castrat Farinelli). Cette opération, faite par des vétérinaires permettait d'obtenir une voix similaire à celle d'une femme soprano. Des compositeurs baroques tels que Broschi, Porpora, Haendel, Pergolese ont écrit des opéras avec des rôles masculins chantés par des castrats. Les rares sopranistes contemporains interprètent donc tous ces grands rôles de castrats. Mais, ils peuvent également interpréter des mélodies, des lieder, de la musique religieuse, des parties de soprano dans les ensembles vocaux ; du baroque au contemporain. TVREGARD : Comment vit-on le fait de posséder un don rarissime? FdF : Grâce à mon environnement familial et amical, j'ai pu travailler ma voix de sopraniste sans frustration, dans un climat de confiance et d'encouragement. Le fait d'avoir une voix rare demande surtout beaucoup de travail vocal. TVREGARD : Le chant s'est-il imposé à vous comme une évidence du fait de votre voix ou est-ce que vous avez dû renoncer à d'autres ambitions pour exploiter votre don? FdF : J'ai découvert ma voix à l'âge de 16 ans en accompagnant ma mère au piano et de ce jour, suite aux conseils de personnes avisées telles que Francis Bardot, Gisèle Oberic et d'autres, j'ai décidé de travailler ce timbre afin de devenir un chanteur professionnel lyrique et un professeur de chant. TVREGARD: Votre métier exige certainement de vous une grande discipline. En quoi consiste-t-elle? FdF : Etre chanteur n'est pas une chose évidente, car il faut avoir une hygiène de vie très stricte : des heures de sommeil régulières, une alimentation équilibrée, ne pas fumer ou boire de préférence et avoir une activité physique qui permet de développer son corps et d'évacuer le stress. Chanter est une activité physique comme courir ou nager et il faut beaucoup d'heures de travail pour que les cordes vocales puissent se muscler en douceur et avoir surtout un rythme d'entraînement régulier. TVREGARD : Malgré votre jeune âge, pouvez-vous nous dire quel est votre meilleur souvenir de carrière? FdF : Mon meilleur souvenir professionnel en Martinique est d'avoir chanté le 15 août 1994 en compagnie des Nightingales à la Cathédrale Saint Louis de Fort de France, car c'était mon dernier concert avant mon départ pour Paris, en route vers le Conservatoire ; puis, en 1998, à l'Opéra Garnier qui représente pour les chanteurs la "Maison Mère". TVREGARD : Qu 'est-ce que cela représente pour vous de chanter devant le public martiniquais, dans la grande salle de l'Atrium? FdF : C'est un grand plaisir de chanter devant le public qui m' a poussé à devenir ce que je suis. Retrouver toutes les personnes qui ont cru en moi et qui m'ont aidé moralement à partir poursuivre mes études de chant est une chose exceptionnelle. Je suis heureux de chanter parmi les premiers artistes invités dans la grande salle de l'Atrium, où je pourrai interpréter toutes les oeuvres de mon répertoire. TVREGARD : Justement, qu'allez vous interpréter le 15 mai? FdF : Le soir du 15 mai, j'essayerai de faire découvrir aux Martiniquais mon univers lyrique en interprétant des oeuvres éclectiques, du baroque au contemporain, en faisant revivre les airs des plus grands castrats, sans oublier de chanter pour la Sainte Vierge en remerciement du don offert. TVREGARD : Ensuite, quels sont vos projets? FdF : Je n'ai pas de projet si ce n'est de faire connaître mon pays par la musique classique, car dans le monde entier on associe les Antilles à la musique folklorique, au zouk. J'aimerais qu'on l'associe également à la musique classique que nous, artistes antillais, nous interprétons avec la chaleur de nos îles. TVREGARD : Y a-t-il un type de musique, un air, qui vous exalte plus que les autres quand vous le chantez et pourquoi? FdF : Les morceaux que j'interprète avec le plus de plaisir sont les morceaux religieux car je suis catholique d'une famille pratiquante, et que dans ce milieu artistique, on a besoin d'être en paix avec soi-même afin d'éviter que le succès ne monte à la tête. Chanter est prier pour moi. TVREGARD : Je vous laisse le mot de la fin. FdF : Je tiens à remercier mes parents, le Conseil Général et le Conseil Régional de la Martinique qui m'ont encouragé par leurs aides à entrer au Conservatoire afin d'acquérir une technique vocale et musicale pour devenir professeur de musique et de chant au pays. Je tiens également à remercier l'Evêché de la Martinique qui m'a permis de me produire dans différentes Eglises, telle la Cathédrale. Propos recueillis par Caroline Martin pour TVREGARD |
France Antilles Martinique "Un timbre de voix naturel mais extrêmement peu répandu" Figaroscope : "La voix du ciel" 8ème Festival Nord Bourgogne: "Interprétations parfaites : nuances du timbre, souffle ténu faisant vibrer et s'amplifier des notes qui atteignent des sommets, sans difficulté" L'Alsace : "Voix venue du ciel, pureté cristalline, Fabrice Di Falco est le frémissement d'une vie colorée, lumineuse, prête quand il le faut à l'explosion vocale" Le Populaire du Centre : "Il possède une voix au timbre clair, vaillante et puissante" Dernières Nouvelles d'Alsace : "Les oeuvres ont été fidèlement servies par la virtuosité et la fine sensibilité de l'interprète" Culture de Montflanquin : "Cette tessiture allant du grave à l'extrême aigu, du susurrant pianissimo au plus tonitruant des forte est toujours parfaitement musicale et timbrée"
Le Dauphiné Libéré Samedi 5 juin, sous la magnifique coupole de l'Eglise du Biollay mise gracieusement à notre disposition par le Père Guerin, curé de la paroisse, un grand "sopraniste "de renommée internationale : Monsieur Fabrice Di-FALCO offrit aux retraités chambériens un concert exceptionnel. Accompagné au clavecin par Monsieur Jean-Charles Pain, c'est avec une grande aisance et une parfaite maîtrise de son art, que Monsieur Fabrice Di-FALCO, interpréta de façon angélique en ce lieu des oeuvres du répertoire des Castrats (Farinelli, Porporino, Haendel, etc... Sa voix d'une extrême pureté, emplit la coupole de l'église et le coeur des spectateurs venus nombreux à l'appel du OCAS de Chambéry, organisateur de ce concert en partenariat avec le Festival du Premier Disque de Chambéry. L'amplitude de sa voix (4 octaves) passant avec une parfaite maîtrise et une apparente facilité des sons les plus aigus des sopranos aux timbres graves et chauds des altos pouvant baisser jusqu'à des sonorités de baryton laissa par contre le public sans voix, qu'il soit connaisseur ou amateur de beau. C'est debout que le large public ovationna les musiciens àl'issue du concert. Monsieur Di-FALCO se rendit ensuite au concert que donnait l'ensemble vocal Chor'Hom, célèbre choeur d'hommes de notre région, et qui recevait leur homologue de l'Ain, "Les Chantres d'Ain " et quel ne fut le bonheur des participants lorsque Monsieur DI-FALCO participa lors de la célèbre troisième mi-temps à un chant commun où plus de soixante hommes chantant à mi-voix étaient accompagnés par le sopraniste. Un vrai moment magique qui restera gravé dans la mémoire des participants. Des indiscrétions nous ont permis de savoir que Monsieur Di-FALCO souhaiterait revenir à Chambéry, dans une grande salle, pour un concert aussi exceptionnel, avec, pourquoi pas, un choeur d'homme. Et bien, Monsieur di-Falco, vous serez toujours le bienvenu dans notre belle capitale de la Savoie. A très bientôt, nous vous attendons avec impatience. Juin 1999 Yves Vrignault La Tribune - Le Progrès ETE MUSICAL 1998 Les "nouveaux Farinelli"
charment la Chartreuse. Les sopranistes Marcel-Lucien Arpots et Fabrice Di Falco ont fait revivre, grâce à la clarté de leur voix, le plus célèbre des castrats "Farinelli". Dans le cadre de "l'Eté Musical de la Loire", la commune de Sainte-Croix a été choisie cette année pour recevoir deux sopranistes et un ensemble musical. Dans la magnifique Eglise, aménagée au XVIII siècle, le silence est d'or... Accompagnés d'une claveciniste, Hilary Caine, d'un violoncelliste, André Marie, et d'un violoniste, Yves Capelle, deux hommes vêtus de noir entrent, les applaudissements montent jusqu'à l'autel. Le programme propose une série de pièces variées dont le célèbre "Ave Maria" de Mozart interprété en duo. Ces sopranistes passent, en toute simplicité, d'un air allemand de Haendel à un duo de Purcell pour revenir allègrement sur l'opéra avec "Cleopatra". Marcel-Lucien Arpots et Fabrice Di Falco, sopranistes dont les voix ont déjà charmé plus d'un public sont d'ores et déjà qualifiés, par certains critiques artistiques et même par les plus avertis, de nouveaux "Farinelli". Le public enchanté découvre ou redécouvre une musique de qualité dans un des plus prestigieux sites de notre patrimoine culturel. Ainsi le défi de "L'Etè Musical" a encore une fois été relevé car la netteté et la beauté de leur voix ont transporté l'auditoire dans un univers féerique. |
Itinéraires Marcel-Lucien Arpots, sopraniste... Après des études au Conservatoire de Maastricht, sa ville natale, il étudia le piano, l'harmonie et la composition. Pensionnaire de l'Opéra Royal de Wallonie avec les choeurs, puis ténor en soliste, il a maintenant choisi de travailler sa voix de sopraniste avec Mya Besselink et le pianiste David Miller. Il a joué dans de nombreux festivals dont celui de Saint-Petersbourg. Il est le fondateur de l'ensemble "Broschi", véritable nom du célèbre "Farinelli". Fabrice Di Falco, sopraniste... a, quant à lui, commencé ses études musicales à l'âge de dix ans alors qu'il habitait aux Antilles. A dix-sept ans, il devient soliste du Choeur de l'Education Nationale de Fort de France, ainsi que de la Cathédrale Saint Louis. C'est après son baccalauréat qu'il décide de venir à Paris pour suivre des cours de chant. En octobre 1994, il réussit le concours d'entrée au CNR. Fabrice Di Falco passe des auditions auprès de célèbres personnalités telles que Elisabeth Sandri (élève de La Callas), Marc David (musicologue du film Farinelli)... Actuellement, il aborde quelques rôles dans Orphée et celui d'Amour, Chérubin dans Les Noces de Figaro. KATHY DESGRANGES TV Magazine Martinique Di Falco, le sopraniste Son don, c'est sa voix. Un don de Dieu, comme aime à le dire Fabrice Di Falco. Il n'a que 24 ans et se fait remarquer par une tessiture analogue à la voix féminine de soprano. Une voix naturelle et sans artifice due à des cordes vocales plus courtes que chez la majorité des individus. Un décor sobre. Une lumière qui dessine des arcs d'ombres chinoises. Le lourd rideau de velours déploie ses plis devant le Steinway. Jean-Charles Pain, pianiste, claveciniste, bassiste, chef de chant derrière le piano pour donner à entendre l'ouverture du récital. Fabrice Di Falco apparaît, cheveux noués en catogan, une redingote vert d'eau qui laissait entrevoir le col en pointe d'une chemise blanche. Un éphèbe d'où naissent des sons qui vont plus loin que la voix. Une énergie vocale qui emplit la salle, malgré des moments de souffle court. Le public a pu s'émouvoir devant la mystérieuse puissance de la voix. Mais où l'homme va-t-il puiser tant de force ? Il se réclame de sa foi en Dieu, à qui il doit tout. Son dernier concert en Martinique fut donné le 15 août 1994 en l'honneur de la Vierge Marie à la Cathédrale Saint Louis de Fort-de-France. Cinq ans plus tard, à 24 ans, il revient, après avoir fait ses classes avec Liliane Mazeron au Conservatoire National de Région de Boulogne-Billancourt. |
Une voix originelle Avant de partir pour la France, en 1994, il travaille une voix vierge de technique en autodidacte : "J'arrivais déjà à avoir du contre-ut et des mi bémol trés facilement." En Martinique, il a craint au début qu'un garçon à la voix de fille fasse jaser; il dit avoir eu la chance que cette voix n'ait pas dérangé: "Personne ne s'est moqué de mon timbre, cela m'a fait comprendre que j'avais une mission. Mais il comprend très rapidement que
"la voix est comme une maison, il faut construire
d'excellentes fondations". Il ne tient pas à être considéré comme un phénomène, mais plutôt comme un étudiant en chant qui veut plaire à son public et à Dieu. "Je voue ma voix à Dieu et à la Sainte Vierge; c'est eux qui m'ont donné ce don". La voie de di Falco Quant à la comparaison qu'on fait de lui et de Farinelli, il est gêné d'être comparé à quelqu'un que l'on ne connaît qu'à travers des écrits qui décrivent sa voix. "J'aurais une voix similaire à la sienne selon les écrits, n'empèche chacun a une voix unique, une personnalité unique... C'est vrai que ma voix semble se rapprocher de la voix de Farinelli, rnais j'ai envie de créer mon chemin." Di Falco garde en lui ce besoin de montrer au monde qu'en Martinique, on ne fait pas que du zouk mais aussi de la musique classique. Jean-Charles Pain, son fidèle ami, travaille sur le répertoire baroque avec lui depuis deux ans. Et de là est née une grande complicité entre eux. "C'est quelqu'un qui a une grande sensibilité. Il a l'art de convaincre à une vitesse incroyable, dit Jean-Charles Pain. Le maître de chant en parle avec beaucoup d'émotion: "Di Falco est un être génial qui mêle une extrême fragilité, àune force incroyable." Jean-Charles Pain est le catalyseur d'un être de feu, transporté par sa foi. Son rôle est de mettre en valeur l'art de chanter de Di Falco. Au point de vue stylistique, Jean-Charles Pain pense pouvoir lui apporter l'humilité nécessaire afin de faire vivre l'oeuvre. Di Falco aime les grandes voix d'opéra, mais cela ne l'empêche pas, à 24 ans, d'apprécier la musique de son époque. Il aurait aimé devenir chanteur de variété, faire du reggae-opéra. Magazine Martinique n° 505-37 |
Le Journal de l'Etudiant
DU CLASSIQUE A LA PORTEE DE TOUS
Le lundi 26 avril dernier, se déroulait à la Cathédrale de Dakar, un grand concert de chants religieux au profit de la section Post-bac de l'Institution Sainte Jeanne d'Arc, avec le sopraniste Fabrice di Falco, l'organiste Olivier Willemin. D'abord sceptiques, et peu intéressés, les étudiants de Jeanne D'Arc nous racontent comment ils se sont ensuite transformés en de véritables adeptes de chants classiques. Le talent du Jeune sopraniste a fait son effet.
Si
on a appris une leçon de Fabrice di Falco, c'est qu'il ne faut
jamais dire "Fontaine, je ne boirai jamais de ton eau".
En effet.quand on nous a annoncé qu'un concert de chants
religieux se tiendrait bientôt à la Cathédrale de Dakar, nous
ne pûmes nous empêcher de faire la grimace. Il faut dire que
les chants religieux ne correspondent pas exactement à ce que
nous écoutons d'habitude dans nos chambres. Du mbalax (musique
folklorique sénégalaise, du rap, du zouk, et même peut-être
du jazz pour certains; le classique, jamais encore...
D'autre part, l'image que nous nous faisions, en général, de la
musique classique et des chanteurs d'opéra n'était pas la plus
flatteuse qui soit ! Pour nous, classique rime plus avec ennui,
voix aiguës, paroles incompréhensibles qu'avec autre chose. Ce
concert allait nous réserver une surprise de taille !
Le
concert étant donné au profit de notre Institution Sainte
Jeanne d'Arc adorée, nous nous sommes portés volontaires soit
pour l'accueil des spectateurs, soit pour la vente des tickets à
l'entrée. Endimanchés et plus beaux que jamais, nous nous
sommes acquittés de nos tâches non sans une pointe
d'excitation. C'est sûr, nous étions impatients de voir enfin
Fabrice Di Falco, dont Mme Duhamel (l'organisatrice du concert),
notre professeur de sciences économiques nous avait tant parlé
depuis déjà deux semaines. Impatients d'entendre cette voix
qui, paraît-il, est un don du ciel et touche le coeur de
quiconque l'entend ; impatients de voir ce jeune homme et enfin,
avoir le plaisir d'écouter du Mozart, du Haendel ou encore du
Schubert.
La cathédrale était pleine et tous, personnalités ou simples curieux, attendaient sagement le début réjouissances. Et personne ne fut déçu !
Dès le début du récital nous étions tous sous le charme de la voix et du personnage. Une voix pure, limpide, cristalline et deux heures de bonheur. Les classiques s'enchaînaient et le prodige jouait avec les phrasés, les intonations. Toute la Cathédrale vibrait au son de cette voix divinement belle.
Par moment, "le Di Falco" comme nous nous étions accordés à l'appeler était accompagné d'un ensemble vocal. Cela n'apporta que plus de charme au spectacle. La voix de 1'homme était à la mesure de sa taille, grande et puissante, tout en restant d'une extrême douceur. Quand le sopraniste se lançait dans les oeuvres de castrat, il réussissait aisément à nous faire couler les larmes des yeux tant le chanteur ressent et vit ses chansons. Je crois que c'est à ce moment que nous nous sommes rendus compte de notre erreur ! Le classique n'était pas réellement ce que l'on croyait et Fabrice di Falco venait de nous le démontrer.
A
la fin de la prestation, on en redemandait encore et on n'avait
qu'une envie : le rencontrer et lui dire en face combien il
venait de changer à jamais notre comportement face au classique.
Et là encore, autre surprise : le jeune homme brillait par sa
simplicité et sa gentillesse. Encore ému par sa prestation et
les yeux rougis par des larmes de joie, il accepta tout de même
de céder aux caprices de nos jeunes camarades de classe, toutes
excitées à l'idée d'approcher "le Di Falco". Ce
dernier signa une cinquantaine d'autographes et se laissa prendre
en photo en compagnie d'une horde d'étudiants à jamais
reconnaissants de l'immense cadeau qu'il venait de leur faire.
Les uns se prennent déjà à rêver et espèrent d'autres
représentations de la sorte avec encore beaucoup plus de
chansons.
C'est sûr que l'épisode "Di Falco" restera à jamais gravé dans nos mémoires. Touchés par la voix et la personnalité de Fabrice Di Falco, nous ne pouvons que lui souhaiter gloire et succès dans sa carrière qui, nous en sommes sûrs, sera à la hauteur de son talent.
Dakar, Sénégal.
Mounir Katché et Edouart Thiam
TV Magazine Martinique
Di Falco, le sopraniste
Son don, c'est sa voix. Un don de Dieu, comme aime à le dire Fabrice Di Falco. Il n'a que 24 ans et se fait remarquer par une tessiture analogue à la voix féminine de soprano. Une voix naturelle et sans artifice due à des cordes vocales plus courtes que chez la majorité des individus.
Un décor sobre. Une lumière qui dessine des arcs d'ombres chinoises. Le lourd rideau de velours déploie ses plis devant le Steinway. Jean-Charles Pain, pianiste, claveciniste, bassiste, chef de chant derrière le piano pour donner à entendre l'ouverture du récital. Fabrice Di Falco apparaît, cheveux noués en catogan, une redingote vert d'eau qui laissait entrevoir le col en pointe d'une chemise blanche. Un éphèbe d'où naissent des sons qui vont plus loin que la voix. Une énergie vocale qui emplit la salle, malgré des moments de souffle court. Le public a pu s'émouvoir devant la mystérieuse puissance de la voix. Mais où l'homme va-t-il puiser tant de force ? Il se réclame de sa foi en Dieu, à qui il doit tout. Son dernier concert en Martinique fut donné le 15 août 1994 en l'honneur de la Vierge Marie à la Cathédrale Saint Louis de Fort-de-France. Cinq ans plus tard, à 24 ans, il revient, après avoir fait ses classes avec Liliane Mazeron au Conservatoire National de Région de Boulogne-Billancourt.
Une voix originelle
Avant de partir pour la France, en 1994, il travaille une voix vierge de technique en autodidacte : "J'arrivais déjà à avoir du contre-ut et des mi bémol trés facilement."
En Martinique, il a craint au début qu'un garçon à la voix de fille fasse jaser; il dit avoir eu la chance que cette voix n'ait pas dérangé: "Personne ne s'est moqué de mon timbre, cela m'a fait comprendre que j'avais une mission.
Mais
il comprend très rapidement que "la voix est comme une
maison, il faut construire d'excellentes fondations".
En 1999, Di Falco revient au pays avec une voix beaucoup plus
mûre, plus claire et un coffre plus large dû à une ceinture
abdominale renforcée. "Le chant est un sport qui demande 4
heures d'entraînement par jour pour atteindre la
perfection."
Il ne tient pas à être considéré comme un phénomène, mais plutôt comme un étudiant en chant qui veut plaire à son public et à Dieu. "Je voue ma voix à Dieu et à la Sainte Vierge; c'est eux qui m'ont donné ce don".
La voie de di Falco
Quant à la comparaison qu'on fait de lui et de Farinelli, il est gêné d'être comparé à quelqu'un que l'on ne connaît qu'à travers des écrits qui décrivent sa voix. "J'aurais une voix similaire à la sienne selon les écrits, n'empèche chacun a une voix unique, une personnalité unique... C'est vrai que ma voix semble se rapprocher de la voix de Farinelli, rnais j'ai envie de créer mon chemin." Di Falco garde en lui ce besoin de montrer au monde qu'en Martinique, on ne fait pas que du zouk mais aussi de la musique classique.
Jean-Charles Pain, son fidèle ami, travaille sur le répertoire baroque avec lui depuis deux ans. Et de là est née une grande complicité entre eux. "C'est quelqu'un qui a une grande sensibilité. Il a l'art de convaincre à une vitesse incroyable, dit Jean-Charles Pain.
Le maître de chant en parle avec beaucoup d'émotion: "Di Falco est un être génial qui mêle une extrême fragilité, àune force incroyable." Jean-Charles Pain est le catalyseur d'un être de feu, transporté par sa foi. Son rôle est de mettre en valeur l'art de chanter de Di Falco. Au point de vue stylistique, Jean-Charles Pain pense pouvoir lui apporter l'humilité nécessaire afin de faire vivre l'oeuvre. Di Falco aime les grandes voix d'opéra, mais cela ne l'empêche pas, à 24 ans, d'apprécier la musique de son époque. Il aurait aimé devenir chanteur de variété, faire du reggae-opéra.
Magazine Martinique n° 505-37