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Accent : renforcement de notes ou d'accords essentiels dans une phrase musicale, le procédé le plus courant consistant à augmenter la dynamique (v. sforzando). Ce fut aussi un ornement dans la musique des xviie et xviii, siècles : petite note située après la note principale et occupant une partie de sa valeur rythmique.
Agoglque : néologisme (de Pall. « Agogik », d'après le grec). Désigne l'accentuation naturelle d'une phrase musicale par opposition à sa pulsation métrique régulière, et, par extension, toute modification rythmique à des fins expressives comportant une accentuation (v. accent).
Alla breve : locutation italienne indiquant que l'unité de temps est la blanche (« battre à la blanche »), de sorte qu'une mesure à 4/4 se présente comme une mesure à 2/2.
Ambitus : synonyme d'étendue lorsqu'on l'applique à une mélodie, à une partie instrumentale ou à l'instrument lui-même, - de la note la plus grave à la note la plus aiguë. A distinguer de la tessiture (v. ce mot).
Anacrouse : note(s) initiale(s) d'un morceau extérieure(s) au premier temps fort de la mesure. S'applique également à toute note qui, au cours du morceau, forme, avec une valeur accentuée lui faisant suite, un motif rythmique continu.
Antécédent : synonyme de « sujet » dans une figure ou un canon; ou, dans une phrase mélodique, première période à caractère suspensif, à laquelle répond une seconde période dite « conséquent ». On parle aussi de « question » et de « réponse ».
A placere : locution italienne (« à plaisir », « à volonté »). Indique, pour l'exécutant, toute liberté de choix quant au tempo ou à l'expression d'un passage ou d'un morceau entier; peut se substituer à ad libitum.
Appog(g)iature : de Pit. « appoggiare ». Son dissonant étranger à l'accord avec lequel il résonne (un demi-ton au-dessus ou audessous), qui précède et prend momentanément la place de la note réelle de cet accord. C'est un accent expressif se jouant de façon plus « appuyée » que cette note réelle. V. également accent.
A punta d'arco : locution italienne indiquant « à la pointe de l'archet » dans le jeu des instruments à cordes.
Arco : mot italien (« archet »). Dans le jeu des instruments à cordes, précise à l'exécutant qu'il doit à nouveau utiliser l'archet après un passage joué pizzicato ou col legno (v. ces mots). On utilise aussi l'expression coll'arco.
Armature (ou armure) : ensemble des accidents placés en tête de la portée, après la clé. Ils désignent ainsi toutes les notes altérées constitutives de la tonalité choisie.
Arpège (ou arpègement) : terme issu du jeu de la harpe. Exécution successive, mais rapprochée, des notes d'un accord du grave à l'aigu (ou inversement); l'arpège est « brisé » lorsque les notes ne sont pas prises dans l'ordre normal. Arpeggio, en italien, est le terme d'exécution musicale correspondant.
Articulation : « dans le jeu des instruments, on appelle articulation la manière de lier ou de séparer les sons au moyen du souffle et des lèvres pour les instruments à vent, des différents coups d'archet pour les instruments à cordes frottées, de la position et de l'attaque des doigts pour les instruments à cordes pincées ou à clavier. Issues de l'évolution de la musique instrumentale, les différentes possibilités d'articulation vont du legato au staccato» (v. ces mots). Définition donnée dans : Science de la Musique (Bordas, Paris, 1976).
Attac(c)a : locution italienne (du verbe « attaccare ») indiquant de continuer sans interruption, notamment dans les enchaînements entre mouvements. On rencontre aussi A ttaca subito, « enchamer immédiatement ».
Augmentation : dans son sens strict, prolongation de la durée d'une note par l'adjonction de la moitié de sa valeur. Dans les pièces de style contrapuntique (v. ce mot), il s'agit de la répétition en valeurs plus longues d'un thème ou d'un motif : cas fréquent de la fugue, dont le sujet est repris en augmentation.
Bariolage : terme appliqué au jeu des instruments à cordes frottées. C'est un effet de « couleurs » obtenu en jouant alternativement la même note sur deux cordes différentes, dont une à vide (v. corde à vide); s'applique également à un passage répété, joué sur des cordes différentes.
Basse : partie servant de base à l'enchaînement des accords, c'est-à-dire à l'harmonie d'une oeuvre musicale; s'applique également à tout registre grave.
Basse continue : système de notation (dite « basse chiffrée ») employé aux xviie et xviiie siècles, et permettant de réaliser sur une note de basse donnée la suite d'accords destinés à soutenir harmoniquement une composition.
Basse obstinée : formule de basse employée dans certains types de composition (chaconne, passacaille), et consistant dans la répétition continuelle d'une série de notes.
Batterie : formule d'accompagnement soit en accords arpégés, soit en accords brisés.
Cadence (ou cadenza) : phrase conclusive, ou formule mélodique~ voire harmonique, ter minant une phrase musicale. Par extension, improvisation, généralement virtuose, placée en principe avant la fin du mouvement.
Cadence plagalle « relève d'une classification de l'harmonie traditionnelle selon laquelle la cadence plagale - qui est courante - correspond à un enchaînement de la sousdominante à la tonique (v. ce mot). On distingue aussi les cadences parfaites (de la dominante à la tonique), imparfaites, rompues, etc. La cadence parfaite est nettement conclusive; la cadence plagale l'est de façon moins affirmative.
Canonique : se rapporte au canon, type d'écriture contrapuntique (v. ce mot) dans lequel les « voix » énoncent le même motif, mélodique et souvent rythmique, mais décalées les unes par rapport aux autres, à des distances variables et à des hauteurs différentes.
Cantabile - mot italien. Par analogie avec la musique vocale, qualifie une pièce ou un passage dont le caractère mélodique est mis en relief. Cantando (« en chantant ») a la même signification.
Cantus flrmus : au sens large, donnée mélodique principale d'une polyphonie lui servant de point de départ et de développement. Dans un sens plus strict, mélodie indépendante en valeurs longues, souvent égales, dominant toute la composition polyphonique (v. ce mot).
Chanterelle : nom de la corde la plus aiguë d'un instrument à cordes frottées ou pincées et à manche.
Coda : mot italien (« queue »). Employé, très généralement, comme synonyme de conclusion, de péroraison.
Coll'arco : locution italienne signifiant « avec l'archet »; v. également arco.
Colla punta d'arco : locution italienne signifiant « avec la pointe de l'archet » ; v. également a punta d'arco.
Col legno : locution italienne signifiant « avec le bois », c'est-à-dire en utilisant la baguette de l'archet au lieu de la mèche, - soit en frappant légèrement les cordes, soit en les frottant (la fin du passage ainsi exécuté est indiquée arco).
Continuo : abréviation pour basse continue (V. ce mot).
Contrapuntique : respectant les règles du contrepoint, - discipline essentielle de la composition dans la musique occidentale. Tandis que l'harmonie, autre discipline fondamentale, s'intéresse à l'enchaînement des accords, le contrepoint envisage la conduite de deux ou plusieurs lignes mélodiques indépendantes et simultanées à partir d'un motif donné (v. également harmonique).
Contre-chant : ligne mélodique secondaire, parfois second thème, opposée ou associée à la ligne mélodique principale (ou thème), dans un morceau contrapuntique.
Corde à vide : dans le jeu des instruments à cordes et à manche, corde vibrant dans toute sa longueur sans que l'on appuie de doigt sur la touche (elle est marquée par le chiffre 0 placé au-dessus de la note). Son emploi, dans la technique du violon notamment, vise à un effet particulier.
Coup d'archet : dans le jeu des instruments à cordes, désigne la tenue de l'archet et son maniement. En découle la qualité du son, de l'articulation (v. ce mot) et du phrasé. Indique également la manière d'utiliser l'archet selon le caractère d'une phrase musicale : ainsi trouve-ton, le plus couramment, les coups d'archet marqués legato, martellato, staccato, spiccato (v. ces termes).
Da capo : locution italienne (« du commencement »). Indication de reprise d'un morceau à son début (jusqu'à l'endroit marqué «Fine »). La forme Da capo peut être schématisée par ABA : après la partie centrale B, reprise de la partie A formant conclusion.
Diminution : dans une pièce de style contrapuntique (v. ce mot), procédé de présentation du thème en valeurs moindres que celles de son exposition. Le contraire est l'augmentation (v. ce mot). Plus généralement, synonyme d'ornementation dans laquelle un motif mélodique est passagèrement décomposé en notes brèves. V. également ornements.
Dixtuor : composition conçue à l'intention de dix instruments, combinant le plus souvent cordes et vents. Formation retenue, dans ce Guide, comme maximale; parmi les Petites Symphonies de Darius Milhaud, la Quatrième est un dixtuor à cordes et la Cinquième un dixtuor à vents (v. ce compositeur).
Dodécaphonique : en rapport avec le système de composition créé et codifié par Arnold Schoenberg. Il repose sur le postulat de l'égalité absolue des douze sons (demi-tons) de l'échelle chromatique tempérée, - donc sur la négation de la hiérarchie entre les notes jusqu'alors admise. Les douze demi-tons se succèdent dans un ordre librement fixé à l'avance par le compositeur, et forment une « série » comme principe générateur de l'oeuvre.
Dominante : cinquième degré d'un ton donné, donc à la quinte de la tonique (v. ce mot) : par exemple, sol pour le ton d'ut majeur. Dans l'harmonie tonale classique, on a là un élément d'équilibre essentiel, - la dominante créant une instabilité, une tension que la tonique stable et statique peut seule résorber.
Double barre : double trait vertical traversant la ou les portées, et marquant la fin d'une oeuvre ou d'une de ses parties. V. également da capo.
Double corde : technique de jeu propre aux instruments à cordes et à archet consistant à exécuter deux ou plusieurs notes simultanément. On la prescrivit dès le xvie siècle pour la viole de gambe, et elle donna lieu, à partir du Romantisme, à de brillants effets de virtuosité (Paganini, par exemple).
Duo : composition pour deux parties mélodiques simultanées ou deux instruments différents; emprunte, le plus souvent, la forme sonate.
Duolet : division binaire d'une unité de temps en principe ternaire; v. également triolet.
Enharmonique (Par enharmonie) : procédé usité de modulation (v. ce mot) par lequel est momentanément établie l'équivalence, quant à la hauteur, de deux notes de noms différents mais de son identique (par exemple, fa dièse et soi bémol). Il est employé surtout pour atteindre rapidement des tons éloignés.
Entrée : désigne soit l'apparition d'un thème ou sujet (et parfois de ses imitations), soit l'intervention d'un instrument soliste. Dans la Suite classique, pièce tenant lieu d'introduction ou d'ouverture.
Flatterzunge : mot allemand. Sur les instruments à vent, articulation particulière de notes successives attaquées par la consonne d ou t, et poursuivie sur des r répétés (« trémolo dental », selon l'expression de Maurice Ravel). Effets divers, suivant l'instrument et les intentions du compositeur.
Flautato (ou flautando) : mot italien (« flûté »). Dans le jeu des instruments à cordes, précise que l'archet doit frotter les cordes sur la touche; il en résulte une sonorité proche de celle de la flûte.
Fugato : mot italien. Passage en style fugué, mais non astreint aux règles constitutives de la fugue; en général, une exposition de fugue, ou quelques entrées en imitation (v. ce mot).
Fugue : grande forme polyphonique faisant appel aux ressources du contrepoint dans le traitement des différentes « voix ». Schématiquement, les règles sont : un nombre constant de voix réelles et équivalentes; le monothématisme (un thème fugué - le sujet - fournit les éléments du développement complet); des entrées successives des voix selon les principes d'imitation (v. ce mot). Schématiquement aussi, la construction fait se succéder : la présentation du sujet, puis réponse dans une seconde voix doublée contrapuntiquement d'un contre-sujet (ensuite sujet à la troisième voix, et réponse à la quatrième); un développement avec les différentes voix en imitations et des épisodes contrapuntiques plus libres; enfin une conclusion - ou strette (v. ce mot) - par entrées de plus en plus serrées du sujet et du contre-sujet dans les différentes voix. Voir particulièrement, dans ce volume, l'Art de lafugue de J.-S. Bach, ainsi que la Grande Fugue op. 133 pour quatuor à cordes de Beethoven.
Glusto : abréviation de Tempo giusto (de l'italien, « juste »). Précise un mouvement modéré et régulier.
Glissando : mot italien (« en glissant »). Technique d'exécution consistant à réaliser un intervalle en glissant rapidement sur tous les degrés intermédiaires sans aucune accentuation. Au violon, rapide succession de très petits déplacements de la main gauche.
Gruppetto : mot italien. Petit groupe ornemental de trois ou quatre notes précédant ou suivant rapidement la note principale. V. également ornements.
Harmonique : relatif et conforme à l'ensemble des règles régissant la formation et l'enchaiinement des accords, - règles qui constituent une discipline fondamentale de la musique occidentale. L'harmonie, qu'on peut qualifier de «verticale», s'oppose à la mélodie dans son déroulement «horizontal ».
Hémiole : terme propre à la notation mensuraliste ancienne, mais qui s'est maintenu pour désigner l'insertion d'un rythme ternaire dans un binaire (ou vice versa). Il concerne donc le rapport 3/2 : deux mesures à trois temps sont jouées comme si elles étaient notées sous forme de trois mesures à deux temps.
Homophone : s'applique aux compositions dans lesquelles mélodie principale et autres par ties, simplement accompagnatrices, sont exécutées à l'unisson (ou à l'octave, ou à la double octave). Par extension, lorsque toutes les «voix» obéissent au même rythme (homorythmie).
Imitation : procédé courant de la composition polyphonique consistant dans la reproduction par une « voix » nouvelle d'une mélodie (ou d'un fragment mélodique) exposée par une « voix » antérieure. Il s'agit d'un des fondements du style contrapuntique (v. ce mot).
Intermédiaire : qualificatif appliqué aux parties situées entre la basse et la partie la plus aiguë. Elles sont dotées ou non d'une indivi. dualité mélodique, selon qu'elles appartiennent réellement à la polyphonie d'un morceau ou qu'elles ne constituent qu'un élément de son soutien harmonique.
Istesso tempo (l') : locution italienne («Ie même tempo, le même mouvement »). Lorsqu'il y a changement de la valeur nominale du temps, indique que sa valeur absolue ne change pas; autrement dit, la durée doit rester la même.
Legato : mot italien («Iié»). Précise le caractère d'une exécution sans interruption ni diminution du son entre les notes. Le legato s'oppose principalement au staccato (v. ce mot).
Lied (forme) : forme basée sur la succession de deux thèmes, en trois parties ABA (A comme exposition du premier thème, B comme partie médiane avec un second thème, et A comme réexposition du premier thème). L'expression « forme lied » s'applique parfois au mouvement lent d'une sonate, - constitué d'un thème principal très développé, avec insertion brève de la partie médiane. Cette forme peut admettre en outre des subdivisions internes, ou engendrer des variations.
Marche harmonique : répétition sur différents degrés de la gamme d'un même mouvement mélodique et de l'harmonie qui le soutient.
Martellato : mot italien (« martelé »). Désigne, dans le jeu du violon, un coup d'archet consistant à détacher chaque son par une attaque forte et un arrêt brusque de l'archet; c'est une réalisation renforcée du staccato (v. ce mot).
Médium du latin (« milieu »). Partie moyenne, ou registre intermédiaire entre le grave et l'aigu.
Mezza voce : locution italienne (« à demivoix »). Propre à la technique vocale, s'applique également aux instruments et signifie qu'il faut retenir le volume sonore sans aller toutefois jusqu'à la nuance piano. On utilise aussi sotto voce.
Modulation : passage d'une tonalité à une autre. On module par accord-pivot, par juxtaposition d'accords, par changement de mode, par enharmonie (v. ce mot).
Monodique : à une « voix », par opposition à polyphonique (v. ce mot).
Mouvement contraire : dans l'écriture polyphonique, « deux parties mélodiques simultanées procèdent par mouvement contraire lorsqu'à un intervalle ascendant de l'une correspond un intervalle descendant de l'autre, et vice versa » (in : Science de la Musique, Bordas, Paris, 1976).
Nonette : composition écrite pour neuf instruments, généralement en combinaison de cordes et de vents. Le mot nonet a également cours.
Nuance : spécifiquement, toute modification de l'intensité des sons ou des phrases dans le cours d'une exécution musicale (par exemple, crescendo ou decrescendo). Plus généralement, modification du phrasé, du mouvement, du toucher, - à des fins expressives.
Octuor : composition écrite pour huit instruments, ou la formation des instrumentistes ellemême. On emploie plus rarement Octette. Voir, dans ce volume, le cas intéressant des 14e et 15e Quatuors à cordes de Darius Milhaud susceptibles de se jouer en octuor.
Ornements (et ornementation) : dits également « agréments » et consistant, par l'ornement de brèves figures accessoires, à embellir ou varier une ligne mélodique. L'ornementa tion est l'art de disposer ces ornements : parmi ceux-ci, l'appogiature, l'arpègement, le gruppetto, le trille, etc. (v. ces mots).
Ostinato : mot italien. Équivalent de basse obstinée (v. ce mot), - forme de répétition continuelle, à la basse, d'une série de notes. Peut cependant s'appliquer à d'autres registres instrumentaux.
Passage : outre le sens courant, développement d'un motif de caractère virtuose et ornemental, - par exemple en arpèges.
Pédale : note tenue immuablement soit à la basse, soit à la partie supérieure, soit dans une partie intermédiaire, pendant que les autres parties enchalhent des accords plus ou moins fibres par rapport à elle. Le rôle harmonique de la pédale est d'exercer une attraction tonale par rapport aux harmonies étrangères qui l'entourent; elle affirme donc, en principe, la tonalité d'un morceau.
Pentatonique : s'applique à une échelle de cinq sons à l'octave. Dans un tel système musical, la forme la plus typique est celle de la gamme par tons entiers sans demi-tons intermédiaires, - dont maints compositeurs du xxe siècle (influences des folklores européens, des musiques orientales) ont fait usage.
Perpétuel (mouvement) : ou perpetuum mobile. Mouvement rapide et virtuose fondé, de façon ininterrompue et régulière, sur des notes de valeur brève et égale.
Pizzicato : locution italienne (« pincé»). Sur les instruments à archet, technique de jeu consistant à pincer les cordes avec les doigts; les sons émis doivent être brefs, nets, en principe de faible intensité.
Pointe - extrémité de l'archet, opposée au talon. Elle est employée dans l'exécution de sons légers et délicats, permettant un jeu net (v. également a punta d'arco).
Polyphonique : s'applique à une forme d'écriture dans laquelle se combinent plusieurs « voix » simultanées, et dotées chacune d'une plus ou moins grande indépendance mélodique et rythmique. Elles doivent néanmoins constituer un ensemble homogène.
Poussé : dans le jeu des instruments à archet, désigne le mouvement ascendant de l'archet de la pointe vers le talon; se prête particulièrement à la réalisation du staccato (v. ce mot).
Progression : synonyme de marche harmonique (v. ce mot).
Quatuor : composition écrite pour quatre instruments, ou le groupe des instrumentistes luimême. Le quatuor à cordes (deux violons, alto et violoncelle) relègue loin derrière lui toutes les autres dispositions, - dont notamment la combinaison piano et trio à cordes (violon, alto et violoncelle). Il y a également des mélanges divers d'instruments à vent - bois ou cuivres - et des dispositions pour vents et piano.
Quintette : composition écrite pour cinq instruments, ou le groupe formé par les instrumentistes. Il peut être une amplification du quatuor à cordes par l'adjonction d'un second alto (cas le plus fréquent) ou d'un second violoncelle. Le quintette avec piano (piano et quatuor à cordes) représente une combinaison usuelle dès l'époque romantique (v. le Quintette « la Truite » de Schubert, avec contrebasse mais sans second violon). Autres combinaisons : les vents seuls, vents et piano, clarinette et quatuor à cordes, etc.
Récitatif : employé par analogie avec un style de chant où courbe mélodique et rythme sont plus ou moins restreints à la prosodie du langage parlé; le récitatif est monodique (v. ce mot).
Récurrence : dans l'écriture contrapuntique (ou dans le système dodécaphonique), désigne la reprise en ordre inversé des notes d'un thème (ou d'une série). On parle aussi d'un procédé d'écriture « à l'écrevisse ».
Registre : partie de l'étendue totale (ou ambitus) présentant les mêmes caractéristiques de sonorité, - ainsi registres « grave », « moyen » (v. médium), « aigu » ou « suraigu ».
Relatif (ton) : s'applique pour désigner le rapport entre deux tons ayant la même armure (v. ce mot), mais dont l'un est majeur et l'autre mineur; par exemple, ré mineur relatif de fa majeur, avec tous deux un bémol à la clé.
Remplissage : ajout de notes intermédiaires (ou de parties intermédiaires) pour compléter les accords; seule la basse et le dessus sont écrits.
Renversement : interversion des rapports des sons dans un intervalle, un accord. Dans le renversement d'un motif, tous les intervalles ascendants de ce motif deviennent symétriquement descendants, et vice versa.
Rétrogradation synonyme de récurrence (v. ce mot).
Rondo (forme) mot italien. Forme musicale fondée sur l'alternance d'un refrain (motif principal) et de couplets (motifs secondaires). Au mouvement final de sonates, le couplet peut prendre de l'importance et faire office de second thème, - un tel rondo s'apparentant dès lors à la forme sonate elle-même (v. ce mot). Dans un tel cas, on emploie parfois l'expression « rondo-sonate ».
Rythme lombard : désigne un rythme dont la valeur brève tombe sur le temps et précède la valeur pointée, - donc à accent décalé; se rencontre fréquemment dans les musiques traditionnelles européennes dont ont pu s'inspirer maints compositeurs.
Saut : intervalle très disjoint (parfois supérieur à l'octave) dans la conduite d'une ligne mélodique.
Sautillé : « Coup d'archet exécuté rapidement sur une portion très réduite du milieu de l'archet. Par l'effet de sa propre élasticité et de la vitesse, l'archet rebondit légèrement sur la corde » (in Science de la Musique, Bordas, Paris, 1976).
Scordatura mot italien. Modification de l'accord courant d'une ou de plusieurs cordes d'un instrument; le nouvel accord est indiqué en début de morceau. Pratiquée depuis le xvi siècle dans la musique de luth, puis étendue à la famille des violons à partir du xviie siècle.
Septuor : composition écrite pour sept instruments, - soit combinant vents et cordes (disposition la plus fréquente), soit pour vents seuls. Le septuor à cordes seules est inexistant.
Séquence (et séquentiel) - dans son acception moderne, consiste dans la répétition d'un court membre de phrase mélodique sur divers degrés de l'échelle; dans l'ordre harmonique, ce type de répétition intéresse toutes les « voix » d'un passage polyphonique. V. également marche harmonique.
Sforzando (ou rinforzando) : locution italienne (« en forçant, ou renforçant »). Indique un brusque renforcement d'intensité sur une ou plusieurs notes (ou accords). Signe sfz.
Sixte napolitaine : terme d'harmonie (faussement attribué à l'École napolitaine du xviiie siècle). Il indique un abaissement du deuxième degré d'une tonalité, qui devient ainsi une espèce de sensible descendant vers la tonique et formant une sixte mineure avec le quatrième degré à la basse. Jusqu'au xviii, siècle, l'accord de sixte napolitaine ne fut généralement employé qu'en mineur avec résolution sur la dominante (v. ce mot), à des fins expressives d'assombrissement. Plus tard, son emploi s'enrichit considérablement : dès le xix, siècle il devint aussi courant en majeur qu'en mineur, la résolution perdant également de son automatisme.
Sonate (forme) : forme extrêmement élaborée de la musique occidentale. Elle s'est pleinement épanouie au xix, siècle sous l'aspect d'un mouvement comportant habituellement une exposition (deux thèmes souvent antagonistes), un développement (combinaisons de ces deux thèmes), une reprise ou réexposition, parfois enfin une coda (v. ce mot). En principe, l'Allegro initial est la forme sonate proprement dite, - on parle également d'« allegro de sonate »; mais, avec l'ensemble des mouvements qui lui succèdent, se trouve réalisée quelquefois une vaste forme sonate. Ce moule formel, ici très schématisé, évoluera notamment avec le principe de composition « cyclique ».
Sourdine : dispositif permettant de modifier acoustiquernent la sonorité d'un instrument en l'étouffant, ainsi que son timbre devenu voilé, mystérieux, comme distant. L'indication con sordino (« avec la sourdine ») signifie qu'il faut mettre la sourdine; elle est annulée par Senza sordino (« sans sourdine»).
Spiccato : mot italien («détaché»). Dans le jeu du violon, coup d'archet consistant à enlever et à poser l'archet sur la corde entre chaque note. Exécuté rapidement, c'est le sautillé (v. ce mot); reste opposé au legato (v. ce mot).
Staccato : mot italien (« séparé »). Exécution séparant nettement les notes les unes des autres, par un bref arrêt entre chacune. Mais, contrairement au spiccato (v. précédemment), l'archet ne quitte pas la corde. Joué lentement, le staccato tend à devenir un martellato (v. ce mot).
Strette : du lat. strictum, (« serré »). Partie finale d'une fugue, dans laquelle les entrées successives du sujet se font très rapprochées. Plus généralement, conclusion accélérée d'un mouvement.
Sul ponticello : locution italienne (« au chevalet »). Précise un coup d'archet dans lequel celui-ci doit toucher la corde le plus près possible du chevalet; ainsi est appauvri, en vue d'un effet particulier, le son fondamental de l'instrument.
Syncopé : son articulé sur un temps faible ou la partie faible d'un temps, et se prolongeant sur un temps fort ou la partie forte d'un temps ' Il en résulte un déplacement des valeurs rythmiques produisant un effet de rupture.
Tempo : mot italien. Désigne le degré de rapidité et la durée absolue des valeurs de notes dans l'exécution d'un morceau; se précise au moyen d'indications de mouvement (« Allegro », « Andante », « Largo », etc.), ou d'indications métronomiques.
Tessiture : de Pit. tessitura (« trame »). Sorte d'étendue moyenne dont les limites de hauteur sonore sont celles entre lesquelles l'instrument évolue le plus aisément; se distingue de l'ambitus (v. ce mot).
Tierce picarde : tierce apparaissant à la fin d'un morceau en mode mineur, et qu'on hausse en majeur. Cependant la tierce mineure terminale n'est pas en soi une « faute », et se trouve souvent utilisée à des fins d'expression.
Tiré : dans le jeu des instruments à archet, désigne le mouvement descendant de ce dernier du talon vers la pointe, - opposé au poussé (v. ce mot). Il est utilisé, en raison de sa vigueur, pour les temps forts, les accentuations, les accords.
Tonique : note qui donne son nom à la tonalité choisie. Elle en représente le pôle essentiel de stabilité, - en cela opposée à la dominante (v. ce mot).
Trait : formule de virtuosité, - gammes, arpèges, etc.
Trémolo : répétition rapide d'une même note, produisant un effet de tremblement. A distinguer du vibrato (v. ce mot).
Trille : agrément musical courant. Il consiste dans l'alternance plus ou moins véloce d'une note donnée avec sa note conjointe supérieure; c'est un élément de coloration de la sonorité instrumentale, en même temps parfois qu'un effet de virtuosité. V. également ornements.
Trio : composition écrite pour trois instruments ou trois parties simultanées, et le groupe d'instrumentistes correspondant. La Sonate en trio de l'âge baroque est son ancêtre, - avec deux dessus et une basse (deux violons et continuo) : c'est alors la forme la plus répandue de la musique de chambre. Mais d'autres dispositions apparaîtront, souvent interchangeables, - le groupement usuel classique devenant le trio avec piano (piano, violon et violoncelle). Trio à cordes (violon, alto et violoncelle) et trio d'anches (hautbois, clarinette et basson) seront les autres formations fréquentes, - la seconde illustrée surtout par les compositeurs contemporains.
Triolet : groupe de trois notes égales, ou division ternaire d'une figure de note. Dans une mesure binaire (à 2/4 par exemple), sa valeur équivaut celle de deux ou quatre notes.
Triton : intervalle de trois tons entiers (par exemplefa - si); c'est donc une quarte augmentée. La sonorité est tendue, conférant au triton une position exceptionnelle parmi tous les intervalles : au Moyen Age le triton fut interdit, car désigné comme « diabolus in musica »
Tutti : mot italien (« tous »). Indique tout passage exécuté par tous les instruments, - en opposition aux passages solistiques ou concertants ; désigne aussi la totalité de l'effectif instrumental jouant ensemble.
Unisono : mot italien (« à l'unisson »). Émission simultanée du même son par deux « voix» ou plus, soit à hauteur exactement identique, soit à distance d'une ou plusieurs octaves. V. également homophone.
Vibrato : mot italien (« en vibrant »). Désigne une légère ondulation de la hauteur d'un son, en vue d'une intensification. L'indication senza vibrato spécifie l'émission d'un son plat. Est à distinguer du trémolo (v. ce mot), avec lequel on le confond trop volontiers.