Lexique de la Musique Symphonique
Lexique de la Musique du Monde
Lexique de la Musique de chambre
Lexique de la Musique Instrumentale
Lexique de la Musique Vocale

A CAPPELLA : Dans son acception actuelle, la plus large: sans accompagnement instrumental.

Accent: renforcement, régulier ou accidentel, de notes essentielles dans une phrase musicale.

Acciacature : de l'it. « acciacatura ». Ornement mélodique utilisé dans la musique de clavecin : frappement simultané d'une note principale et de sa seconde mineure inférieure, la note principale restant seule tenue. Produit un léger effet de dissonance.

Accident : signe d'altération affectant la note seule devant laquelle il est placé, et pour une mesure seulement.

Accord : émission simultanée de trois sons au minimum. Dans l'harmonie classique, l'accord est défini comme une superposition de tierces ; l'émission de deux sons seulement forme un intervalle, et non un accord.

Accouplement: au clavecin (comme à l'orgue), système mécanique permettant de faire sonner simultanément différents jeux sur plusieurs claviers ; on parle donc d' « accouplement » des claviers entre eux.

Agogique : néologisme (d'après l'all. « Agogik »). Dsigne les légères modifications ou fluctuations de tempo apportées à la stricte notation musicale pour satisfaire aux nécessités de l'expression, voire au caractère d'une phrase musicale (par exemple le rubato). Par extension, s'applique à « la théorie du mouvement dans l'exécution musicale ».

Agrément : formule d'ornementation introduite dans la musique occidentale au xviie siècle. Indiqué sous forme abrégée, l'agrément s'ajoute à la note écrite qu'il orne d'une petite figuration mélodique.

Alla brave: locution italienne appliquée à la mesure à C barré (2/2), dans laquelle l'unité de temps est la blanche.

Ambitus : synonyme d'étendue, - de la note la plus grave à la note la plus élevée; à distinguer de tessiture (v. ce mot).

Anacrouse : note(s) initiale(s) d'un morceau extérieure(s) au premier temps fort de la mesure. S'applique également à toute note qui, au cours du morceau, forme, avec une valeur plus accentuée lui faisant suite, un motif rythmique continu.

Antécédent : synonyme de « sujet » dans une fugue ou un canon; ou, dans une phrase mélodique, première période à caractère suspensif, à laquelle répond une période dite conséquent.

Appog(g)iature : de l'it. « appoggiare ». Son dissonant étranger à l'accord avec lequel il résonne (un demi-ton au-dessus ou au-dessous), qui précède et prend momentanément la place de la note réelle de cet accord. C'est un accent expressif se jouant de façon plus « appuyée » que cette note réelle.

Armure (ou Armature) : ensemble des accidents placés en tête de chaque portée après la clé. Ils désignent ainsi toutes les notes altérées constitutives de la tonalité choisie.

Arpège (ou Arpègernent) : terme issu du jeu de la harpe. Exécution successive, mais rapprochée, des notes d'un accord du grave à l'aigu (ou inversement); l'arpège est « brisé » lorsque les notes ne sont pas émises dans l'ordre normal.

Augmentation : dans son sens strict, prolongation de la durée d'une note par l'adjonction de la moitié de sa valeur (v. également Notepointée). Dans les pièces de style contrapuntique (v. ce mot), il s'agit de la répétition en valeurs plus longues d'un thème ou d'un motif : cas fréquent de la fugue, dont le sujet est repris en augmentation.

Basse - partie servant de base à l'enchaînement des accords, c'est-à-dire à l'harmonie d'une oeuvre musicale. Également registre grave du clavier.

Basse continue : système de notation, dite « basse chiffrée », employé aux xviie et xviiie siècles et permettant aux clavecinistes (comme aux organistes) de réaliser sur une note de basse donnée la suite d'accords destinés à soutenir harmoniquement une composition.

Basse d'Alberti : formule d'accompagner~ent en accords brisés répétés pendant plusieurs mesures.

Basse obstinée : formule de basse em)yée dans certains types de composition (chaconne, passacaille), et consistant dans la répétition continuelle d'une série de notes.

Battement : formule ornementale utilisée dans l'ancienne musique de clavier, consistant dans l'alternance continue de deux sons conjoints (note principale et seconde inférieure). Au sens moderne, plus extensif, alternance de deux notes à divers intervalles.

Batterie : formule d'accompagnement: soit en accords arpégés, soit en accords brisés (v. Basse dAlberti). Brisé : qualificatif caractérisant un style mis en valeur par les virginalistes et clavecinistes jusqu'au xviiie siècle. La technique de jeu consistait dans l'exécution d'accords présentés sous la forme d'arpèges ou de batteries (v. ces mots), et exigeait une très grande virtuosité.

BATTUTA : locution italienne. Indique le retour à une battue de mesure stricte et régulière, après un passage laissé « ad libitum » (ou « a piacere »).

Cadence (ou Cadenza) : phrase conclusive, ou formule mélodique, voire harmonique, terminant une phrase musicale. Par extension, improvisation généralement virtuose placée en principe avant la fin d'un mouvement. Au xviiie siècle, équivalent de trille (v. ce mot).

Cadence plagale : relève d'une classification de l'harmonie traditionnelle selon laquelle la cadence plagale - qui est courante - correspond à un enchaînement de la sous-dominante à la tonique (v. ce mot). On distingue aussi les cadences parfaites (de la dominante à la tonique), imparfaites, rompues, etc. La cadence parfaite est nettement conclusive ; la cadence plagale l'est de façon moins affirmative.

Canonique : se rapporte au canon, type d'écriture contrapuntique (v. ce mot) dans lequel les « voix » énoncent le même motif, mélodique et souvent rythmique, mais décalées les unes par rapport aux autres, - à des distances variables et à des hauteurs différentes.

CANTUS FIRMUS: au sens large, donnée mélodique principale d'une polyphonie lui servant de point de départ et de développement. Dans un sens plus strict, mélodie indépendante en valeurs longues, souvent égales, dominant toute la composition polyphonique (v. ce mot).

Cantabile : mot italien. Par analogie avec la musique vocale, désigne une pièce ou un passage dont le caractère mélodique « chantant » est mis en relief.

Carrure : construction symétrique partageant la phrase musicale en fragments d'égale durée (par groupes de deux,. de quatre, de huit mesures, etc.), et ponctués par un repos, une cadence, ou toute autre formule.

Chromatique : faisant l'emploi d'une succession d'altérations des degrés de l'échelle fondamentale (un demi-ton vers le grave ou vers l'aigu). La gamme chromatique fait se succéder douze demitons diatoniques (v. ce mot) et chromatiques à l'octave.

Clavecin (caractéristiques techniques) : se compose d'une caisse montée sur pieds affectant approximativement la forme d'une aile d'oiseau (d'où l'all. « Flügel »); dans ses plus vastes dimensions, cette caisse atteint 2,30 ni de long et 0,90 m de large. Les cordes métalliques ou filées, parallèles au grand côté et de longueurs dégressives, sont tendues sur deux chevalets et fixées à des chevilles ces chevilles sont fichées dans le sommier, sur lequel est collé le premier chevalet les vibrations des cordes sont transmises par le second chevalet à la table d'harmonie, percée d'une rosace. L'espace entre sommier et table d'harmonie est occupé par les « registres » où se trouve mis en oeuvre le mécanisme pincé de l'instrument (« sautereaux ») : lorsqu'une touche est appuyée, un bec de cuir situé dans chaque sautereau, et qui fait office de plectre, griffe une corde en passant; un dispositif ingénieux permet au bec de ne pas accrocher de nouveau la corde lorsque le sautereau retombe. Chaque touche peut actionner un ou plusieurs sautereaux correspondant aux différents « jeux » : ces jeux permettent des différenciations de timbre, et son désignés par analogie avec ceux de l'orgue ; un jeu très remarquable est le « jeu de luth » qui a équipé les instruments classiques, - avec sa sonorité aigrelette et son timbre voilé. Au XVIle siècle, le clavier comporte généralement quarante-neuf touches correspondant à une étendue de quatre octaves et demie, à l'imitation de l'orgue également, on construit des instruments à deux claviers qui peuvent s'accoupler ; deux claviers, parfois trois, offrent un plus grand choix de sonorités : le claveciniste peut sélectionner des jeux différents pour chaque clavier. Le grand clavecin Pleyel actuel comprend deux claviers de soixante et une touches chacun , sept pédales permettent d'introduire ou de supprimer les divers jeux, ou d'accoupler les deux claviers.

Clavicorde (caractéristiques techniques) sa première description date de la fin du xve siècle; peu à peu agrandi et perfectionné, l'instrument a subsisté jusqu'au début du xixe siècle, en raison notamment de sa valeur pédagogique. Son mécanisme ne peut être confondu avec celui du piano : les cordes sont parallèles au clavier, donc perpendiculaires aux touches. De longueurs presque identiques mais diversement accordées, elles sont tendues au-dessus d'une caisse rectangulaire oblongue, et heurtées selon un dispositif à « tangentes ». Ces tangentes frappent en des points déterminés de division des cordes; on tire donc d'une même corde plusieurs sons de hauteurs différentes. Il y eut des cordes simples, puis doubles et triples : le plus ancien clavicorde conservé est doté d'un clavier de quarante-cinq touches, pour vingt-deux doubles cordes. Dans les premiers temps de son développement, l'instrument se posa sur une table; au début du xviiie siècle, il évolua vers des dimensions plus importantes et fut monté sur pieds ; il n'y eut plus qu'une tangente par corde, donc une touche par corde. Ce fut le clavicorde « libre », sur lequel tous les accords et ornements rapides devinrent possibles ; l'étendue atteignit cinq, parfois six octaves. La sonorité, malgré sa discrétion, fut richement expressive, - avec une sorte de vibrato dû au contact prolongé des tangentes avec les cordes. Au milieu du XVIIIe siècle, le clavicorde coexista sans conteste avec le clavecin et le piano-forte : Hadyn et Mozart ont possédé chacun le sien.

Clavier : du lat. « clavis », clé. Dispositif réunissant les touches d'instruments tels que l'orgue, le clavecin, le piano; sous la pression des doigts, ces touches commandent le mécanisme producteur du son. Dans l'histoire de la facture européenne, différents types de clavier ont été expérimentés, en particulier au piano (claviers en arc, claviers renversés). D'autre part, un même instrument peut comporter plusieurs claviers : clavecins à deux ou trois claviers , on a même construit des pianos à six claviers superposés.

CLUSTER: mot anglais. Agrégat sonore superposant le plus généralement des demi-tons et quarts de ton, comme s'il s'agissait d'une seule et même note. Entre l'accord et le bruit, c'est un effet recherché dans l'écriture orchestrale depuis les années 1950, - alors qu'il était déjà exploité au piano depuis plus d'un quart de siècle.

CODA: mot italien (= queue). Employé, très généralement, comme synonyme de conclusion, de péroraison.

COL LEGNO : locution italienne (= avec le bois). Sur les instruments à archet, consiste à utiliser la baguette de celui-ci (et non les crins), en frappant légèrement les cordes ou en les frottant. V. aussi Sul ponticello.

CONCERTO: mot italien (du latin « concertare » = lutter, rivaliser). De l'histoire de cette forme majeure de la musique occidentale, nous ne présentons qu'un très bref aperçu : le terme, apparu en Italie au XVIe siècle, désigna des pièces vocales principalement religieuses, - avec accompagnement d'orchestre ou d'orgue. L'époque baroque vit naître deux types de concerto: le concerto grosso groupant plusieurs solistes (concertino) opposés à l'ensemble instrumental (ripieno), et le concerto pour un seul soliste opposé à l'orchestre. C'est ce dernier qui, évoluant largement, connaîtra les plus belles heures de gloire, - avec, en particulier, sa répartition formelle tripartite (allegro-adagio-allegro), et ses exigences, pour le soliste, à la fois d'expression et de virtuosité (par exemple, Beethoven d'une part, et Paganini de l'autre). De nos jours, le concerto - quoique souvent bousculé dans sa répartition et dans ses équilibres - conserve tout son prestige auprès des compositeurs (v. Dutilleux, ou Henze).

Conséquent: v. Antécédent.

Continuo : abréviation pour Basse continue (V. ce mot).

Contrapuntique : respectant les règles du contrepoint, - discipline essentielle de la composition dans la musique occidentale. Tandis que l'harmonie, autre discipline fondamentale, s'intéresse à l'enchaînement des accords, le contrepoint envisage la conduite de deux ou plusieurs lignes mélodiques indépendantes et simultanées à partir d'un thème donné (v. également Harmonique).

Coulé - agrément employé par les clavecinistes français des xviie et xviiie siècles, consistant dans la succession rapide, à intervalle de tierce ascendante ou descendante, de deux notes diatoniques précédant la note principale; peut être considéré comme une appoggiature double (v. ce mot). S'applique aussi à la liaison de deux notes dont la première est plus accentuée que la seconde.

Croisement: s'applique, dans le jeu des instruments à clavier, à l'interversion de la position normale des mains, - à des fins expressives le plus généralement.

CONTRE-CHANT: « ligne mélodique secondaire (ou second thème) opposée ou associée à la ligne mélodique principale (ou thème) » (Science de la Musique, Bordas, Paris 1976).

Da capo : locution italienne (« du commencement »). Indication de reprise d'un morceau à son début (jusqu'à l'endroit marqué « Fine »). La forme Da capo peut être schématisée par A B A : après la partie centrale B, reprise de la partie A formant conclusion.

Développement : désigne, très généralement, toute la partie d'une composition musicale dans laquelle les « idées » sont « travaillées » après leur exposition (v. ce mot). Thèmes, motifs mélodiques ou rythmiques sont modifiés, amplifiés ou morcelés suivant des procédés d'élaboration extrêmement variés (rythme, harmonie, dynamique, mesure, tempo, etc.). Dans la forme sonate (v. ce mot), le développement est la partie médiane entre exposition et réexposition.

Diatonique : faisant l'emploi des intervalles normaux de la gamme par tons et demi-tons (ces derniers ne se succédant jamais immédiatement). Il y a donc diatonisme quand n'apparaît pas plus d'un demi-ton de suite dans la succession des degrés de l'échelle; sinon, v. Chromatique.

Diminution : dans une pièce de style contrapuntique (v. ce mot), procédé de présentation du thème en valeurs moindres 1~ que celles de son exposition. Le contraire est l'augmentation (v. ce mot). Plus généralement, synonyme d'ornementation dans laquelle un motif mélodique est passagèrement décomposé en notes brèves. V. également Ornements.

Dodécaphonique : en rapport avec le système de composition créé et codifié par Arnold Schônberg. Il repose sur le postulat de l'égalité absolue des douze sons (demitons) de l'échelle chromatique tempérée, donc sur la négation de la hiérarchie entre les notes jusqu'alors admise. Les douze demitons se succèdent dans un ordre librement fixé à l'avance par le compositeur, et formant une « série » comme principe générateur de l'oeuvre.

Doigté : procédé consistant à préciser le rôle des doigts dans une exécution musicale, en faisant figurer des indications chiffrées sur la partition.

Doigté lié : dit également « de substitution ». Technique de jeu employée au piano, qui permet de changer de doigts sur une même touche du clavier sans lâcher celle-ci.

Dominante : cinquième degré d'un ton donné, donc à la quinte de la tonique (v. ce mot) : par exemple sol pour le ton d'ut majeur. Dans l'harmonie tonale classique, on a là un élément d'équilibre essentiel, - la dominante créant une instabilité, une tension que la tonique, stable et statique, peut seule résorber.

Double barre : double trait vertical traversant la ou les portées, et marquant la fin d'une oeuvre ou d'une de ses parties; v. également Da capo.

Duolet: division binaire d'une unité de temps en principe ternaire; v. également Triolet.

Enharmonique (Par enharmonie) : procédé usité de modulation (v. ce mot) par lequel est momentanément établie l'équivalence, quant à la hauteur, de deux notes de noms différents mais de son identique (par exemple fa dièse et sol bémol). Il est employé surtout pour atteindre rapidement des tons éloignés.

Épinette (caractéristiques techniques) : très répandue aux xviie et xviiie siècles, l'épinette (de l'italien « spinetta » et, suppose-t-on, d'après le nom du facteur vénitien Spinetti) fut un instrument proche du clavecin et fonctionnant suivant un principe identique (cordes pincées par des sautereaux); mais il s'en distingua par la disposition des cordes, perpendiculaires ou obliques par rapport aux touches du clavier (et non parallèles comme dans le clavecin). La caisse de résonance était rectangulaire, parfois pentagonale ou à côte courbe. En général, l'épinette fut plus petite que le clavecin, portative, à un seul jeu de cordes, et couvrant une étendue de quatre octaves et demie. Le jeu en était difficile (inégale résistance de note à note), mais la sonorité douce, un peu aigrelette, néanmoins fort agréable.

Étendue : v. Ambitus.

Exposition . partie initiale d'une composition de style fugué ou de forme sonate. Dans la fugue (v. ce mot), présentation du sujet et de la réponse ; dans la forme sonate (v. ce mot), présentation du thème principal et du second thème. Par extension, présentation du « matériau » thématique d'une oeuvre ; lui fait suite, exploitant ce matériau, le développement (v. ce mot).

Forme lied : v . Lied.

Forme rondo : v. Rondo.

Forme sonate : v . Sonate.

Fugato : mot italien. Passage en style fugué, mais non astreint aux règles constitutives de la fugue : en général, une exposition de fugue, ou quelques entrées en imitation (v. ce mot).

Fugue : grande forme polyphonique faisant appel aux ressources du contrepoint dans le traitement des différentes « voix ». Schématiquement, les règles sont : un nombre constant de voix réelles et équivalentes; le monothématisme (un thème fugué - le sujet - fournit les éléments du développement complet); des entrées successives des voix selon les principes d'imitation (v. ce mot). Schématiquement aussi, la construction fait se succéder : la présentation du sujet, puis réponse dans une seconde voix doublée contrapuntiquement d'un contre-sujet (ensuite sujet à la troisième voix, et réponse à la quatrième); un développement avec les différentes voix en imitations et des épisodes contrapuntiques plus libres; enfin une conclusion - ou strette (v. ce mot) - par entrées de plus en plus serrées du sujet et du contre-sujet dans les différentes voix.

Glissando: mot italien (« en glissant »). Technique d'exécution consistant à réaliser un intervalle en glissant rapidement sur tous les degrés intermédiaires, sans aucune accentuation. Le ou les doigts - l'ongle sur le clavier - effleurent simplement les touches correspondantes du clavier.

Gruppetto : mot italien. Petit groupe ornemental de trois ou quatre notes précédant ou suivant rapidement la note principale. V. également Ornements.

Harmonique : relatif et conforme à l'ensemble des règles régissant la formation et l'enchaînement des accords, - règles qui constituent une discipline fondamentale de la musique occidentale. L'harmonie, qu'on peut qualifier de « verticale », s'oppose à la mélodie dans son déroulement « horizontal ».

Homophone: s'applique aux compositions dans lesquelles mélodie principale et autres parties, simplement accompagnatrices, sont exécutées à l'unisson (ou à l'octave, ou à la double octave). Par extension, lorsque toutes les « voix » obéissent au même rythme (homorythmie),

Imitation : procédé courant de composition polyphonique consistant dans la reproduction par une « voix » nouvelle d'une mélodie (ou d'un fragment mélodique) exposée par une « voix » antérieure. Il s'agit d'un des fondements du style contrapuntique (v. ce mot).

INCIPIT. mot latin (- commence). S'applique, couramment, au début d'une phrase musicale.

INTRADA: mot italien. Équivalent d' « entrée », - pièce introductive d'une suite instrumentale. Dans un 'morceau contrapuntique (v. ce mot), première intervention d'une « voix » déterminée.

Intermédiaire : qualificatif appliqué aux parties situées entre la basse et la partie la plus aiguë; elles sont dotées ou non d'une individualité mélodique, - selon qu'elles appartiennent réellement à la polyphonie d'un morceau ou qu'elles ne constituent qu'un élément de son soutien harmonique.

Legato : mot italien (« lié »). Précise le caractère d'une exécution sans interruption ni diminution du son entre les notes ; sur les instruments à clavier, s'effectue en maintenant la touche enfoncée jusqu'à l'attaque de la note suivante. Le legato s'oppose principalement au staccato (v. ce mot).

Lied (forme) : forme basée sur la succession de deux thèmes, en trois parties A B A (A comme exposition du premier thème, B comme partie médiane avec un second thème, et A comme réexposition du premier thème). L'expression « forme lied » s'applique parfois au mouvement lent d'une sonate, - formé d'un thème principal très développé, avec insertion brève de la partie médiane. Cette forme peut admettre en outre des subdivisions internes, ou engendrer des variations.

Marche harmonique : répétition sur différents degrés de la gamme d'un même mouvement mélodique et de l'harmonie qui le soutient.

Martellato : mot italien (« martelé »). Indique, au piano, que les doigts doivent agir comme des marteaux, - en particulier dans l'exécution de successions d'octaves.

Médium : du lat. (« milieu »). Registre intermédiaire entre le grave et l'aigu.

Modulation : passage d'une tonalité à une autre. On module par accord-pivot, par juxtaposition d'accords, par changement de mode, par enharmonie (v. ce mot).

Monodique : à une « voix », par opposition à polyphonique (v. ce mot).

Mordant: agrément fréquemment utilisé dans la musique de clavier ancienne, en particulier par les clavecinistes français et allemands des xvile et xville siècles. Il consiste en un ou plusieurs battements faisant alterner une note principale, la note immédiatement inférieure, pour s'achever sur la note principale, - le tout exécuté plus ou moins rapidement.

Nuance : spécifiquement, toute modification de l'intensité des sons ou des phrases dans le cours d'une exécution musicale (par exemple, crescendo ou decrescendo). Plus généralement, modification du phrasé, du mouvement, du toucher, - à des f ins expressives.

Opus: du lat. (« oeuvre »), couramment abrégé op. Terme permettant de repérer la situation chronologique d'une oeuvre donnée, en général suivant l'ordre de publication (et non de composition). Mais d'autres termes (et abréviations) de classification peuvent intervenir, - portant normalement le nom du musicologue qui a dressé tel ou tel catalogue, pour tel ou tel compositeur (par exemple, Kôchel - abréviation K pour les oeuvres de Mozart).

Ordre : synonyme de « suite » dans la terminologie des clavecinistes français du xviiie siècle, - avec, cependant, un nombre de pièces souvent plus important et disposé plus librement (v., en particulier, François Couperin).

Ornements (et Ornementation) : dits également « agréments » et consistant, par l'ornement de brèves figures accessoires, à embellir ou varier une ligne mélodique. L'ornementation est l'art de disposer ces ornements : parmi ceux-ci, l'appoggiature ' l'arpègement, le gruppetto, le trille, etc. (v. ces mots).

Ostinato : mot italien. Équivalent de basse obstinée (v. ce mot), - formule de répétition continuelle, à la basse, d'une série de notes. Peut cependant s'appliquer à d'autres registres du clavier.

Passage : développement d'un motif de caractère virtuose et ornemental, - par exemple en arpèges.

Pédale : note tenue immuablement. soit à la basse, soit à la partie supérieure, soit dans une partie intermédiaire, pendant que les autres parties enchaînent des accords plus ou moins libres par rapport à elle. Le rôle harmonique de la pédale est d'exercer une attraction tonale par rapport aux harmonies étrangères qui l'entourent; elle affirme donc la tonalité d'un morceau. Au clavecin, mécanisme permettant l'accouplement (v. ce mot), et, sur le piano, de modifier la sonorité (v. Piano).

Pentatonique: s'applique à une échelle de cinq sons à l'octave. Dans un tel système musical, la forme la plus typique est celle de la gamme par tons entiers sans demitons intermédiaires, - dont maints compositeurs du xxe siècle (influences des folklores européens, des musiques orientales) ont fait usage.

Perpétuel (mouvement) : ou « Perpetuum mobile ». Mouvement rapide et virtuose fondé, de façon ininterrompue et régulière, sur des notes de valeur brève et égale.

Phrasé : ponctuation du texte musical consistant à respecter un certain nombre de signes suggérés ou imposés par le compositeur, ou par le caractère de la pièce exécutée (divisions en périodes et phrases, suspensions, repos, enchaînements).

Piano (caractéristiques techniques) : le piano à queue moderne - dit « piano de concert » - se compose pour l'essentiel d'une table d'harmonie montée sur une charpente appelée barrage, et que surplombent les cordes ; celles-ci sont mises en vibration par des marteaux que commandent les touches du clavier : ce dispositif constitue la « mécanique » proprement dite de l'instrument; on fait intervenir enfin des pédales qui modifient l'impact des marteaux sur les cordes. Ce « grand queue de concert » mesure généralement entre 2,50 ni et 2,75 ni de long. Pour entrer dans quelque détail, indiquons que c'est la table d'harmonie qui assure la résonance des cordes,'celles-ci étant fixées à deux sommiers (aujourd'hui remplacés par un cadre métallique d'une seule pièce). Les deux cent vingt-quatre cordes sont tendues sur un chevalet placé sur la table : elles sont triples et en fonte d'acier, excepté dans le grave (cordes simples ou doubles, et filées de cuivre). Le clavier comporte quatrevingt-huit touches, dont chacune coin- mande un marteau et, simultanément, un étouffoir par l'intermédiaire d'un assemblage assez compliqué de pièces fixes et mobiles : celles-ci assurent, avec l'aide d'échappements (v. ci-après Piano-forte), des mouvements de percussion aux marteaux, et des mouvements de déplacement aux étouffoirs qui laissent plus ou moins vibrer les cordes percutées. Les deux pédales, enfin, assument des fonctions différentes : celle de gauche (pédale « douce ») diminue et adoucit le son-, celle de droite (pédale « forte ») augmente la durée de résonance des cordes frappées en éloignant tous les étouffoirs ; en outre, plusieurs autres cordes vibrent par sympathie. Certains pianos à queue comportent d'autre part, une troisième pédale, dite « tonale » ou « de prolongation », permettant à l'exécutant de prolonger à volonté un ou plusieurs sons, un accord par exemple, à l'exclusion de tous les autres. L'étendue du piano moderne est de sept octaves un quart (du la -2 à l'ut 7), la plus vaste après celle de l'orgue ; il exista des pianos à huit octaves au siècle dernier.

Piano-forte (caractéristiques techniques) en 1698, l'Italien Cristofori construisit le premier « gravicembalo col piano e forte », - pour jouer « piano » et « forte ». Ce piano-forte adopta la forme du clavecin, conservée avec le piano à queue, son futur successeur; et d'emblée l'instrument fut pourvu des principaux organes de sa mécanique moderne : en particulier, substitution au sautereau du clavecin d'un petit marteau frappant la corde, et double système d'échappement et d'étouffoir (qui, simultanément, déclenche la poussée du marteau contre la corde et permet à celle-ci de vibrer librement) ; le clavier comportait cinq octaves. La souveraineté du piano-forte fut fortement combattue par celle du clavecin, - qui dut cependant capituler devant les perfectionnements du piano dès la fin du XVIIIe siècle. Le regain de faveur dont jouit aujourd'hui le piano-forte, par exemple dans l'interprétation de Mozart, ne peut trop faire illusion : le piano moderne a conquis ses lettres de noblesse au xixe siècle, et nous a accoutumés à ses irremplaçables sonorités.

Pizzicato : mot italien (« pincé »). Au clavier, technique imitative de celle consistant à pincer les cordes avec les doigts sur les instruments à archet; les sons émis doivent être brefs, nets, et de faible intensité.

Plaqué : dans le jeu des instruments à clavier procédé consistant à « faire entendre en ;iiême temps et avec force toutes les notes d'un accord » (Marc Honegger). Le contraire du plaqué est l'arpège (v. ce mot).

Point d'orgue : prolongation de la durée d'une note ou d'un silence (point d'arrêt) au-delà de sa valeur réelle, pour une durée indéterminée.

Pointée (note) : note prolongée de la moitié de sa valeur.

Polyphonique : s'applique à une forme d'écriture dans laquelle se combinent plusieurs « voix » simultanées, et dotées chacune d'une plus ou moins grande indépendance mélodique et rythmique; elles doivent néanmoins constituer un ensemble homogène.

Polytonal : s'emploie lorsque sont superposées plusieurs tonalités différentes entendues simultanément. Mais bitonalquand ne sont superposées que deux tonalités, - ce qui représente la forme la plus simple de polytonalité.

Progression : synonyme de marche harmonique (v. ce mot).

Récitatif : employé par analogie avec un style de chant où courbe mélodique et rythme sont plus ou moins restreints à la prosodie du langage parlé ; le récitatif est monodique (v. ce mot).

Récurrence : dans l'écriture contrapuntique (ou dans le système dodécaphonique), désigne la reprise en ordre inversé des notes d'un thème (ou d'une série). On parle aussi d'un procédé d'écriture « à l'écrevisse ».

Registre : partie de l'étendue totale (ou ambitus) présentant les mêmes caractéristiques de sonorité, - ainsi registres « grave », « moyen » (v. médium), « aigu » ou « suraigu ». Le mot s'applique également au clavecin, pour désigner la commande des différents jeux.

Relatif (ton) : s'applique pour désigner le rapport entre deux tons ayant la même armure (v. ce mot), mais dont l'un est majeur* et l'autre mineur; par exemple ré mineur relatif de fa majeur, avec tous deux un bémol à la clé.

Renversement : interversion des rapports des sons dans un intervalle, un accord. Dans le renversement d'un motif, tous les intervalles ascendants de ce motif deviennent symétriquement descendants, et vice versa.

Reprise : répétition d'une partie d'une oeuvre musicale, - par exemple, dans une sonate, de l'exposition (première partie). Signe indiquant le début et la fin du passage qui doit être repris (v. également Da capo et Double barre).

Résolution : enchaînement d'un son, d'un intervalle ou d'un accord dissonant vers un autre son, intervalle ou accord consonant par un mouvement de seconde majeure ou mineure (ou de demi-ton chromatique). La résolution diminue la tension créée par la dissonance, et donne une impression d'équilibre harmonique.

Rétrogradation synonyme de récurrence (v. ce mot).

Rondo (forme) mot italien. Forme musicale fondée sur l'alternance d'un refrain (motif principal) et de couplets (motifs secondaires). Au mouvement final de sonates, le couplet peut prendre de l'importance et faire office de second thème, - un tel rondo s'apparentant dès lors à la forme sonate elle-même (v. ce mot).

Rubato (tempo) de l'italien (« temps volé »). Indication d'expression accordant quelque liberté pour accélérer ou ralentir (accelerando ou ritardando) certaines notes : de la mélodie. Cet assouplissement des rigueurs de la mesure doit se garder de tout excès.

Série : v. Dodécaphonique.

Sonate (forme) : forme extrêmement élaborée de la musique occidentale. Elle s'est pleinement épanouie au xixe siècle sous l'aspect d'un mouvement comportant habituellement une exposition (mise en oeuvre du bithématisme), un développement (combinaisons de ces deux thèmes), une réexposition, et parfois aussi une coda (v. ce mot). En principe, l'Allegro initial est la forme sonate proprement dite, - on parle également d'Allegro de sonate; mais, avec l'ensemble des mouvements qui lui succèdent, se trouve réalisée parfois une vaste forme sonate. Ce moule formel évoluera notamment avec le principe de composition « cyclique » : voir, en particulier, Sonate en si mineur de Liszt.

Sotto voce : locution italienne (« sous la voix »). « Indication d'exécution réclamant une émission et une expression retenues, sans aller toutefois jusqu'au piano » (Marc Honegger).

Staccato: mot italien (« détaché »). Exécution séparant nettement les notes les unes des autres; joué lentement, le staccato tend à devenir un martellato (v. ce mot).

Strette : du lat. stricturn (« serré »). Partie finale d'une fugue, dans laquelle les entrées successives du sujet se font très rapprochées. Plus généralement, conclusion accélérée d'un mouvement.

Syncopé - son articulé sur un temps faible ou la partie faible d'un temps, et se prolongeant sur un temps fort ou la partie forte d'un temps. Il en résulte un déplacement des valeurs rythmiques produisant un effet de rupture.

Tempo : mot italien. Désigne le degré de rapidité et la durée absolue des valeurs de notes dans l'exécution d'un morceau ; se précise au moyen d'indications de mouvement (Allegro, Andante, Largo, etc.), ou d'indications métronomiques.

Terminaison : notes ornementales terminant un trille, ou tout autre ornement placé à la fin de la durée d'une note.

Tessiture : de l'it. tessitura (« trame »). Sorte d'étendue moyenne dont les liraires de hauteur sonore sont celles entre lesquelles l'instrument évolue le plus aisément, se distingue de l'ambitus (v. ce mot).

Tierce picarde : tierce apparaissant à la fin d'un morceau en mode mineur, et qu'on hausse en majeur. Cependant la tierce mineure terminale n'est pas en soi une « faute », et peut être conservée à des fins d'expression.

Timbrique : relatif au timbre, - qui détermine une qualité spécifique du son musical indépendamment de sa hauteur et de son intensité.

Tonique : note qui donne son nom à la tonalité choisie. Elle en représente le pôle essentiel de stabilité, - en cela opposée à la dominante (v. ce mot).

Toucher: désigne la manière de frapper les touches. Particulièrement subtil au piano, le toucher conditionne l'articulation des sons et joue un rôle prépondérant par sa qualité et par sa diversité - dans l'expression musicale, au même titre que le phrasé (v. ce mot). Il est de moindre importance au clavecin, dont le jeu exige surtout des attaques précises.

Trait : formule de virtuosité, - gammes, arpèges, etc.

Trémolo : répétition rapide d'une même note, produisant un effet de tremblement. Dans la musique de piano, est également le battement rapide d'une note avec l'octave, la tierce ou la quinte, supérieures ou inférieures.

Trille : agrément musical courant. Il consiste dans l'alternance plus ou moins rapide d'une note donnée avec sa note conjointe supérieure; c'est un élément de coloration de la sonorité instrumentale, en même tempis qu'un effet de virtuosité. V. également Ornements.

Triolet : groupe de trois notes égales, ou division ternaire d'une figure de note. Dans une mesure binaire (à 2/4 par exemple), sa valeur équivaut celle de deux ou quatre notes.

Triton : intervalle de trois tons entiers (par exemple fa - si), c'est donc une quarte augmentée. La sonorité est tendue, conférant au triton une position exceptionnelle parmi tous les intervalles : au Moyen Age le triton fut interdit, car désigné comme « diabolus in musica ».

Unisono: mot italien (« à l'unisson »). Émission simultanée du même son par deux « voix », - soit à hauteur exactement identique, soit à distance d'une ou plusieurs octaves. N. également Homophone.

Virginal : (caractéristiques techniques) cette variété d'épinette (v. ce mot) fut particulièrement prisée en Angleterre aux xvie et xviie siècles; les « virginalistes » - voir, dans ce volume, à Byrd, Farnaby ou Gibbons - furent des compositeurs qui écrivirent indifféremment pour le clavecin et pour cet instrument plus modeste. En effet, c'est au xviiie siècle seulement que s'établit une véritable distinction avec le clavecin, - le virginal devenant synonyme de petite épinette en forme de boîte rectangulaire, dont le clavier se trouvait à gauche, au milieu, ou à droite d'un des grands côtés. L'instrument était donc aisément transportable et se posait couramment sur une table. Le virginal double fut un modèle dans lequel un second virginal plus petit s'emboîtait, tel un tiroir, sous la table du premier; il sonnait à l'octave de celui-ci; l'un et l'autre pouvaient être accouplés. La sonorité ténue, piquante, ne peut être que difficilement restituée par celle du clavecin : celle de l'épinette en donne davantage une idée.