Robert Schumann (1810-1856)
Robert Alexander Schumann est né le 8 juin 1810 à Zwickau en Saxe en Allemagne. 1810 est également l'année de naissance de Chopin. Il est le cadet d'une famille de cinq enfants. Son père, August est libraire et offre à sa famille une vie aisée. Robert a tout loisir pour découvrir des centaines de livres dans la librairie familiale. Sa mère est une excellente pianiste et le pousse à apprendre le piano. Il partage sa jeunesse entre les études classiques, juridiques et musicales. Un drame familial survient et est annonciateur du futur : Emilie, sa soeur unique âgée de 19 ans, se suicide en 1826. Son père succombe peu de temps à près d'une "maladie de nerfs" ce qui laisse à penser que la famille est fortement marquée génétiquement par la folie. Son premier professeur sera l'organiste de Zwikau Kuntzch. Robert passera pour un musicien doué mais rien ne laisse présager ses talents de compositeur.
En 1828, sa mère l'envoie à Leipzig pour étudier. Schumann n'est guère assidu et n'arrive pas à s'intégrer au milieu universitaire. la campagne de Zwickau lui manque. Il se rend à Heidelberg pour y suivre les cours de droit du célèbre professeur Thibaut. Celui-ci est également amateur de musique. Schumann aura l'occasion d'y montrer son talent au cours des soirées organisées chez Thibaut. Le musicien réalise déjà quelques compositions de grande valeurs (Papillons op.2, Variations Abegg). En 1830, il connait une nouvelle révélation à la suite d'un concert de Paganini. Il prend la résolution de se consacrer entièrement à la musique.
Sa mère le recommande donc auprès de Wieck selon le voeu de Schumann. Il retourne alors à Leipzig pour suivre les cours du célèbre professeur de piano Friedrich Wieck (dont il allait épouser plus tard la fille Clara). Il loge alors chez Wieck à partir d'octobre 1830. Celui-ci, très dur et intransigeant, reconnait les talents de Schumann mais doute de son énergie et de son courage au travail. Cependant il est pris à l'essai pour six mois. Clara, la fille de Wieck, montre de remarquables prédispositions au piano et son père fait tout pour lui assurer une carrière de virtuose. Schumann fait de remarquables progrès au piano. Sa volonté est si forte qu'elle le pousse à commettre une regrettable sottise. Il crée en effet un appareil pour assurer plus d'indépendance aux doigts, il ligature le medius de sa main droite. En 1832, la paralysie de ce doigt lui interdit de devenir pianiste virtuose. Certains signes précurseurs de maladie mentale qui l'emportera apparaissent (dédoublement de personnalité, peur de la mort...). Il compose une première symphonie (qui portera après révision le n°4) créée à Zwickau le 18 novembre 1832.
Une grave dépression atteint Robert Schumann en 1833 et il souffre de fièvres persistantes. Son frère Julius et sa belle-soeur meurent en octobre. Schumann tombe profondément amoureux de Clara Wieck. Cet amour sera réciproque mais se heurte à l'opposition très vive de Wieck. Clara n'a que seize ans. Ce refus du père se prolongera et ira jusqu'aux tribunaux. En 1834, il compose les prodigieuses études symphoniques. Il s'oriente aussi vers la composition et la critique musicale : il fonde, en 1834, avec Wieck et un pianiste Schunke (qui décède peu après), la Nouvelle Revue musicale qui devint très influente. C'est à cette époque que Mendelssohn arrive à Leipzig pour y diriger le Gewandhausorchester. Schumann a beaucoup d'admiration pour lui. Il dira : "Je considère Mendelssohn comme le premier musicien de cette époque et en sa présence, comme devant un maître, je baisse mon chapeau." Le malheur continue de s'abattre sur le musicien. En 1836, il perd sa mère. Il reporte toute sa vie sur l'amour de Clara Wieck. Il compose cette année là la magistrale Fantaisie op.17. Il ajoute encore deux pièces maitresses à son catalogue : les Davidsbündlertänze op.6 et les Phantäsiestücke op.12. En 1838, en l'espace de quatorze jours, il écrit les Kreisleriana op.16, prodiges d'imagination. Il rend visite à Ferdinand Schubert, le frère de Franz Schubert. Ferdinand lui confie le manuscrit de la symphonie n°9 en ut majeur. Schumann découvre cette oeuvre avec une joie indescriptible et la fait éditer. Début 1939, il compose Humoresque et Carnaval de Vienne. Mais les malheurs continuent. Il reçoit une lettre l'informant de l'état très grave de son frère Edouard. Il gagne Leipzig où il arrive pour apprendre le décès de son frère le 6 avril 1839.
Le 4 janvier 1840, après un recours au Tribunal et malgré toutes les oppositions qu'il dut vaincre une à une (la liste des différends qui l'ont opposé à Wieck pourrait faire l'objet d'un roman), Schumann parvient à épouser Clara Wieck, dont la tendresse fidèle allait le soutenir toute sa vie. Elle sera également une remarquable interprète de ses oeuvres. Commence une période de joie. Revigoré, il compose la symphonie du "Printemps" qui portera le n°1, le célèbre concerto pour piano en la mineur et une magnifique floraison de lieders (l'Amour et la vie d'une femme, les Amours du poète. 1842 sera pour Schumann l'année de la musique de chambre. Il compose deux de ses plus belles pièces : le quintette pour piano et cordes et le quatuor pour piano et cordes. En 1843, il compose l'oratorio le Paradis et la Péri . Clara et son père se réconcilient. Le couple se produit dans une tournée de concerts. En 1844, il sont en Russie. C'est surtout Clara qui a du succès. Elle est l'une des meilleures pianistes d'Europe mais Schumann est à nouveau malade. La famille part pour Dresde où il se refait une santé et compose une nouvelle symphonie n°2 qu'il mettra un an à terminer. En 1846, ils partent pour Vienne avec optimisme. Schumann y obtient un succès d'estime et se produit aussi à Prague où ils triomphent. Le Paradis et la Peri, mal interprété, est un échec qui obligent les Schumann à rentrer à Dresde.
En 1847, il est dans une très grande période créatrice et il compose les trios op.63 et 80 ainsi que Genoveva son opéra. La mort de Mendelssohn l'accable à nouveau. C'est à cette époque également que sa musique est vraiment appréciée du public. En 1849, il perd son frère Karl. En 1850, Schumann compose la symphonie n°3 "rhénane" et déménage pour Düsseldorf où il est nommé Directeur du conservatoire municipal. Peu doué pour la direction d'orchestre et pour la pédagogie, il est critiqué et il démissionne en 1852. Au cours de l'année 1853, Schumann va connaitre les derniers moments heureux de sa vie. Joachim, le célèbre violoniste, impressionne de manière extraordinaire le couple en interprétant le concerto pour violon de Beethoven. Cette même année, ils font connaissance de Brahms jeune Hambourgeois qui deviendra l'ami indéfectible de la famille. En janvier 1854, le couple visite la Hollande. En février, il souffre d'hallucinations tout le mois et se jette dans le Rhin. Repêché, il est interné sur sa demande le 4 mars 1854 à Endenich. Brahms dont Schumann fit connaitre les oeuvres, a pu le visiter au cours de quelques moments de rémission. Clara ne le reverra que peu de temps avanr sa mort. Sa femme, aidée par Brahms, se consacre alors à défendre et à diffuser son oeuvre. Robert Schumann meurt le 29 juillet 1856 après une longue et pénible agonie.
Jusqu'à 30 ans, Schumann s'exprime uniquement dans des oeuvres pianistiques d'un sentiment profond et d'inspiration littéraire... Il ne bouleverse pas la musique de son époque mais on y trouve une hardiesse harmonieuse et une richesse sonore indiscutables. Comme Schubert, il est un maître du lieder illustrant des poèmes de Heine, Goethe, Chamisso... Sa musique orchestrale est typiquement romantique. Ses quatre symphonies, ses concerto pour violon (1853), pour piano, pour violoncelle (1850) et sa musique de chambre sont des chefs d'oeuvre du romantisme.