Johannes Brahms est né le 7 mai 1833 à Hambourg dans le Nord de l'Allemagne. Son père Johann Jakob, corniste et contrebassiste dans l'orchestre municipal a épousé une femme plus âgée de dix sept ans avec laquelle il aura trois enfants. Johannes est le second. Il est très timide et délicat. Johannes fréquente le lycée malgré une condition très modeste. Son père s'aperçoit vite que Johannes possède l'"oreille absolue" c'est à dire qu'il est capable d'identifier instantanément toutes les notes. Il commence à prendre des leçons de piano à l'âge de 7 ans auprès du professeur Otto Cossel, remarquable pédagogue et à 10 ans, il est en mesure de donner son premier concert. Après trois ans d'études, Brahms est confié aux cours de Eduard Marxsen réputé à Hambourg. Le jeune compositeur apprend également son métier dans les tavernes et les brasseries de Hambourg où il joue le soir malgré son jeune âge pour améliorer la situation économique de la famille. Marxsen détecte immédiatement le génie de Johannes. Il le forme dans l'esprit de Bach, Mozart, Beethoven. Il lui apprend la théorie musicale. Brahms lit énormément pour satisfaire son besoin de culture. A 15 ans, il peut se produire en public.
Alors que Brahms est âgé de 14 ans, Marxsen lui apprend avec émotion la mort de Mendelssohn et lui affirme en public que c'est lui Johannes Brahms qui le remplacera. A l'âge de 17 ans, il rencontre le violoniste Remenyi très bon connaisseur du répertoire classique et qui lui donnera le goût de la musique tzigane. En 1853, les deux amis entreprennent une tournée de concerts dans la région mais leur conception de l'art est opposée : alors que Remenyi est tout éclat, aventure, superficialité, Brahms est travail, profondeur, modestie. Leur duo a pourtant un grand succès. Remenyi donnera le goût à Brahms des mélodies tziganes qu'il utilisera souvent dans ses compositions. Au cours de cette tournée Remenyi présente à Johannes un compatriote violoniste de renom : Joseph Joachim, hongrois également, maitre de chapelle de la cour de Hanovre. Brahms qui a commencé à cette époque à composer impressionne Joachim. Celui-ci l'encourage à jouer ses oeuvres pour piano et lui donne des lettres d'introduction pour Liszt et Schumann. Il permet aussi au duo de jouer devant le roi. Liszt, à la cour de Weimar, le reçoit chaleureusement et interprète une de ses oeuvres pour laquelle il ne tarit pas d'éloges. Il joue ensuite sa propre sonate pour piano. Brahms est déçu, reste avare de compliments et semble même à moitié endormi. Liszt en parait offensé et quitte la pièce. A la suite de cette visite Remenyi et Brahms se brouillent. Ce dernier renoue avec Joachim qui l'invite comme assistant à l'université de Göttingen pour des cycles de conférence.
Au cours de l'année 1853 Brahms se rend à Düsseldorf pour une visite à Schumann. Schumann était venu à Hambourg en 1851 et avait beaucoup impressionné le jeune Johannes qui n'avait pas osé l'aborder directement. La rencontre a lieu le 30 septembre 1853. Brahms s'installe au piano et interprète sa sonate en ut majeur. Robert et Clara Schumann reconnaissent immédiatement son génie et deviennent ses amis. Dans un article enthousiaste dans le "NeueZeitschrift für Musik", Schumann annonce la venue d'un grand compositeur et pianiste. Il le recommande également à ses éditeurs Breitkopf & Härtel. Johannes restera chez les Schumann un mois. Il sera littéralement adopté par la famille. Cette amitié durera toute sa vie. Schumann, à la suite de crises de folie, est interné sur sa demande en 1854 à la maison de santé de Bonn. Il y meurt en 1856. Brahms, Joachim et Clara Schumann, grande pianiste, donneront une série de concerts car cette dernière doit maintenant gagner sa vie. Brahms est amoureux de Clara mais cet amour restera probablement platonique. A la mort de Schumann en 1856, il quitte Dusseldorf.
De 1857 à 1859 il occupe la charge de chef des choeurs à la cour de Detmold et donne des leçons à des princesses. Il dispose d'un salaire confortable. Il achève son Concerto pour piano en ré mineur opus 15 (1858) qui suscite l'hostilité du public à Hanovre lieu de la première représentation avec Joachim à la baguette et Brahms au piano. Le deuxième concert à Leipzig n'obtiendra pas de meilleurs résultats, l'oeuvre sera même sifflée. Brahms est fataliste et écrit à Joachim :"Un jour, elle plaira...après tout, ce n'est qu'un coup d'essai...les sifflets étaient franchement excessifs". Peu convaincu par " la soi-disant musique de l'avenir ", il déchaîne également l'indignation en signant avec Joachim un manifeste contre le "nouveau romantisme allemand de Liszt et Wagner". Néanmoins, en s'approchant de ses trente ans, sa musique commence à être connue à défaut d'être appréciée. A partir de 1862, Brahms se rend à Vienne, invité bientôt à prendre en charge la Singakademie, et s'y installe définitivement. Joachim l'aide à s'introduire dans les milieux musicaux. Il y fait la connaissance de Wagner et parvient grâce à diverses activités musicales à s'assurer un confortable revenu. En 1865, la perte de sa mère lui inspire le Requiem allemand opus 45, chef d'oeuvre d'équilibre et du contrepoint. Entre 1866 et 1868, il part pour une tournée en Europe. En 1870, il fait la connaissance de Hans von Bülow qui finit par soutenir la musique de Brahms après l'avoir critiquée.
Perfectionniste et longtemps complexé par Beethoven, il hésite à se lancer dans la composition symphonique. Sa Première Symphonie ne sera créée qu'en 1876 après plusieurs années de gestation (Symphonie opus 68 en ut mineur, créée à Karlsruhe). L'année suivante, lors d'un séjour idyllique au bord du Wörthersee, il compose très rapidement une radieuse seconde Symphonie opus 73 en ré majeur parfois appelée "pastorale". Suivent le Concerto pour violon opus 77 en ré majeur, peut-être le plus grand de tous les concertos pour violon, la Troisième Symphonie opus 90 en fa majeur (1883). Avec sa Quatrième Symphonie opus 98, en mi mineur (1884), il rend hommage à Bach en utilisant le choral de l'une de ses cantates comme sujet d'une extraordinaire passacaille. Brahms devient un musicien respecté dans le monde entier. Il aidera, comme l'avait Schumann pour lui, un autre compositeur à se faire éditer et connaitre : Dvorak.
Jusqu'à la fin de sa vie Brahms se consacrera surtout aux voyages, à la musique de chambre, aux pièces pour piano et au lied. Il conserve ses amis et continue à mener une vie simple. La grande époque s'achève, il abandonne les grandes sonorités orchestrales pour la concentration. Il crée dependant le Double concerto pour violon et violoncelle (1887). Ses dernières compositions sont pour la clarinette, le clarinettiste Richard Mühlfeld, pour laquelle il écrit un Trio opus 114, en la mineur (1891) et un Quintette opus 115 en si mineur. Clara Schumann meurt le 20 mai 1896. Brahms arrive à Bonn juste à temps pour assister à l'enterrement. Lui-même est maintenant malade et ses amis le pressent de se faire soigner mais Johannes Brahms est atteint d'un cancer du foie et meurt le trois avril 1897, il était l'un des musiciens les plus aimés de Vienne.
Brahms a su resté sincère et fidèle en amitié toute sa vie. Il est l'un des rares grands compositeurs à avoir toujours connu une vie calme et tranquille. Comme Beethoven, Brahms pouvait parfois se montrer cassant vis à vis de ses proches, mais, la plupart du temps cela était involontaire. Les critiques surtout français ont dénoncé en lui l'académisme et une certaine lourdeur germanique. Les musiciens de l'école de Vienne dont Schoenberg ont relevé sa grande maîtrise des formes, son ampleur mélodique, son emploi d'enchaînements harmoniques audacieux. Brahms a su rendre sa musique moderne tout en conservant une bonne dose de classicisme.