Alexander Porfirievitch Borodine est né à Saint-Petersbourg le 12 novembre 1833. Il est le fils naturel du Prince Louka Guédianov et de la fille d'un troupier Avdotia Antonova. Le père fit déclarer l'enfant par l'un de ses domestiques Porphiri Borodine mais veilla à ce que la mère ait toujours de quoi assurer une vie confortable à l'enfant et de solides études. Autodidacte, le jeune Alexandre apprend à jouer de très bonne heure de la flûte puis du piano et du violoncelle avec un camarade Mihail Shchiglev. Dès l'âge de treize ans, il compose un concerto pour flûte et et piano puis un trio pour deux violons et violoncelle. Ses parents le destinent néanmoins à une carrière de médecin et il est inscrit à la faculté à l'âge de quinze ans. En 1854, après six ans d'études, il est engagé à l'hôpital de l'armée territoriale mais trop sensible aux blessures, il obtient un poste de professeur à l'Académie militaire de chimie où il se révélera comme un grand savant. Grâce à ses études et à de nombreux congrès, il aura l'occasion de beaucoup voyager en Europe (Bruxelles, Heidelberg, Gênes, Rome, Paris...). Il fait la connaissance et collabore avec de nombreux érudits. En 1861, il fait la connaissance de sa future femme : Ekatérina Sergéievna qui lui fait découvrir Schumann, Chopin, Liszt. Ensemble, ils iront à Mannheim découvrir l'oeuvre de Wagner. En 1862, Borodine compose un quintette en ut majeur. C'est à cette époque qu'il se joint au fameux "groupe des cinq".
Son existence se déroule sans histoire et est partagée entre la chimie et la musique. Cependant Borodine lui-même se considère comme un musicien dillettante et ne pourra consacrer que peu de temps à la composition. En décembre 1862, il commence l'écriture de sa symphonie n°1 en mi bémol majeur (qu'il n'achèvera qu'en 1867). Il ne mènera à bien que deux quatuors à cordes, quelques mélodies et deux symphonies. Il commencera la composition de sa deuxième symphonie en si mineur en 1869. Néanmoins il se sent prédestiné pour l'opéra et l'idée du Prince Igor fait son chemin. Borodine poursuivait par ailleurs sa carrière scientifique. En 1877, il visite les laboratoires d'un certain nombre d'universités allemandes. Il profite de cette occasion pour voir Liszt à Weimar. Ce dernier donnera trois ans plus tard la première symphonie de Borodine. Pour le remercier, il lui dédiera son poème symphonique Dans les steppes de l'Asie centrale, pièce très célèbre qui connut immédiatement un succès retentissant et durable.
En mars 1881, Borodine est profondément affecté par la mort de Moussorgski. Absorbé par son travail scientifique, il ne consacre que peu de temps à la composition. De plus son état physique se dégrade. Il souffre de plusieurs attaques cardiaques et même du choléra. Son oeuvre commence à se diffuser en Europe. Il rend encore visite à Liszt durant l'automne 1885. L'année suivante il entame la composition d'une troisième symphonie en la mineur qui ne sera pas achevée. Au début de l'année 1887, il continue la composition de son opéra Le Prince Igor, notamment l'ouverture et le choeur des prisonniers russes du deuxième acte. Le 27 février 1887, il assiste à un bal masqué organisé par les professeurs de l'académie. Il s'effondre, victime d'un infarctus. Son épouse lui survivra cinq mois.
Son oeuvre maitresse reste Le Prince Igor qui est commencée en 1869 et ne sera pas terminée dix-huit ans après. C'est Glazunov qui la complètera. On y trouve entre autres les célèbres danses polovstiennes. La première symphonie en mi bémol majeur s'inspire de la symphonie héroïque de Beethoven bien qu'elle soit typiquement russe. La deuxième symphonie en si mineur est parfois appelée "épique". Borodine mettra sept ans pour la mener à son terme. Il la compose avec des matériaux restés inutilisés pour son opéra. Dans les Steppes de l'Asie centrale, poème symphonique, est une de ses oeuvres les plus célèbres. Elle ne doit pas cependant faire oublier les quatuors ni ses remarquables mélodies.
Borodine, chimiste de Saint-Petersbourg, aura réussi à condenser un siècle de l'histoire de la musique occidentale en partant de la tradition germanique et en ouvrant la voie à l'impressionisme français.