Nicolaï Andreïevitch Rimski-Korsakov est né le 18 mars 1844 à Tikhvine (région de Novgorod) en Russie. Son père Andrei est déjà âgé de soixante ans à la naissance de Nikoleï. La musique occupe une grande place dans la vie des Rimski-Korsakov. Andrei touche un peu le piano et sa mère lui apprend les mélodies traditionnelles. Son oncle Piotr influencera profondément le jeune musicien. Initié au piano très jeune, il n'aura guère de professeurs brillants et il est en grande partie autodidacte. Négligeant toute discipline, il ne deviendra jamais un grand pianiste. Désirant devenir marin comme son grand frère Voïne, il s'engage en 1856 à Saint-Pétersbourg à l'Ecole des cadets de la flotte malgré l'opposition de son frère. Il a dans cette grande ville l'occasion de s'initier à l'opéra et aux concerts de musique symphonique. Glinka, Beethoven et Mendelssohn sont ses idoles. C'est cependant Glinka qui recueillera tous ses suffrages. En 1857 et 1858, Nikoleï passe deux étés sur le navire Prokhor sous le commandement de son frère. Ce dernier prendra la direction de l'ecole navale à partir de 1862.
De retour à l'Ecole des cadets, un nouveau professeur de musique Canille lui donne enfin des cours de qualité et partage l'admiration de Nikoleï pour Glinka. Surtout, il lui fait connaitre en 1861 Mili Balakirev futur membre du Groupe des cinq qui comportera outre Rimski-Korsakov et Balakirev, Borodine, Moussorgski et Cui. Séduit par la personnalité de ce personnage brillant, Rimski-Korsakov lui montre aussitôt les partitions d'une symphonie et d'un scherzo. Le maitre l'encourage à persévérer. Toujours grâce à Canille, il rencontre par la suite Cui et Moussorgski. Rimski-Korsakov progresse dans la composition et montre un talent indéniable pour l'orchestration. Il améliore sa symphonie mais, affecté sur un navire avec le grade d'enseigne de vaisseau, il part pour une longue croisière au service de la marine et se sépare de ses amis. Il retarde alors ses compositions. Rimski-Korsakov aura l'occasion de visiter l'Angleterre, les Etats Unis et quelques pays méditerranéens. Jusqu'en 1873, il partagera ses activités entre son service d'officier de marine et la composition.
Prenant au cours de ce voyage quelque distance avec la musique, il renoue dès son retour avec Balakirev. Le groupe possède un nouveau membre en la personne de Borodine, brillant professeur de chimie. Rimski donne à l'Ecole libre de musique sa Première symphonie qui est un succès. Il fait la connaissance de Ludmilla la soeur de Glinka et fréquente assidûment son salon. En 1866, il entame la composition de Sadko un tableau musical dont Moussorgski a bâti l'ébauche. Durant l'été 1868, Moussorgski, qui travaille sur sa plus grande oeuvre : l'opéra Boris Goudounov, devient son grand ami. Ils habitent le même appartement. Rimski-Korsakov, bien qu'amateur, obtient le poste de professeur de composition et d'instrumentation du Conservatoire de Saint-Petersbourg. Il met un point d'honneur à combler ses nombreuses lacunes musicales et devient paradoxalement un des meilleurs professeurs qui soient et sans doute le meilleur qu'ait connu le conservatoire russe. Il aura plusieurs élèves qui deviendront de prestigieux compositeurs et qui le vénèreront : Glazunov, Respighi, Stravinski...C'est à cette époque qu'il compose un grand tableau musical inspiré de Berlioz : Sadko et aussi ce qui est considéré comme sa deuxième symphonie : Antar.
Après le décès de son frère, Nikoleï épouse en 1872 Nadejda Purgold, une pianiste très distinguée. Il part en voyage de noces en Suisse, près des lacs italiens, à Vienne et Varsovie. Il devient ensuite, en janvier 1873, inspecteur des musiques des équipages de la flotte, poste fort bien rémunéré. En 1877, il publie un recueil de cent chansons populaires russes et compose le Capriccio espagnol, La Grande Pâques russe et Shéhérazade, trois poèmes symphoniques extrêmement célèbres. En 1890, il se rend à Bruxelles mais à son retour il trouve sa femme atteinte de diphtérie. Ses enfants sont envoyés à la campagne. Malgré cela son fils Slavchik est malade et décède puis c'est au tour de Macha sa fille. En 1892, son épouse décède également. Dépressionnaire, il perd le goût pour la musique et souffre de neurasthénie. La mort de Tchaikovski en novembre 1893 sort Rimski-Korsakov de sa torpeur. Il dirige deux concerts en mémoire du grand compositeur. A partir de 1897, il retrouve son élan créateur et achève Sadko. Après la fièvre révolutionnaire russe de 1905, il entreprend l'écriture de son dernier opéra Le Coq d'Or et écrit ses mémoires. En 1907, à Paris, il découvre sans comprendre la musique de Debussy, Scriabine et Strauss. En avril 1908, il est victime d'une crise d'angine de poitrine et une nouvelle attaque l'emporte le 12 juin 1908.
Maître de l'orchestration en Russie, Rimski-Korsakov occupe une place de choix dans la musique symphonique russe de la fin du XIXe siècle. Il est le compositeur le plus fécond du groupe des Cinq. Ses oeuvres font appel à des éléments issus du folklore comme l'Ouverture sur trois thèmes russes (1866), Capriccio espagnol (1887), Shéhérazade (1888), Ouverture de la Grande Pâque russe (1888). Parmi ses opéras, d'une exceptionnelle richesse musicale, il faut relever : Sadko (1895), tiré de son poème symphoniquele Coq d'or (1906-1907). On lui doit encore des traités d'harmonie et d'orchestration. Rimski-Korsakov a orchestré le Prince Igor, de Borodine, et remanié des oeuvres de Moussorgski (notamment Boris Godounov et Nuit sur le Mont chauve).